L'Atlantide

- Publication de l'été 2024 -

L’Atlantide (du grec ancien Ἀτλαντίς / Atlantís) est une île mythique évoquée par Platon dans deux de ses Dialogues, Timée puis Critias. Cette île, après avoir connu un âge d'or pacifique, évolue progressivement vers une thalassocratie conquérante dont l'expansion est arrêtée par Athènes, avant que l'île ne soit engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué à l'instigation de Zeus. Si le mythe a été peu commenté et a eu peu d'influence durant l'Antiquité, il a suscité un intérêt croissant à partir de la Renaissance. Au-delà de sa portée philosophique et politique, il a depuis donné naissance à de nombreuses hypothèses. Au début du 21ᵉ siècle, les chercheurs restent partagés, entre les partisans d'une Atlantide de pure fiction (majoritaires dans la recherche scientifique) et ceux d'une lecture du récit de Platon basée sur des événements réels.

Platon

Commençons par le commencement. L'histoire de l'Atlantide puise son origine dans deux des Dialogues du philosophe athénien Platon, né en 428 / 427 av. J.-C. et mort en 348 / 347 av. J.-C. à Athènes, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes qu'il critiqua vigoureusement. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment Socrate dont il fut l'élève, ainsi que Parménide, Héraclite et Pythagore, afin d'élaborer sa propre pensée. Celle-ci explore la plupart des champs importants, c'est-à-dire la métaphysique, l'éthique, l'esthétique et la politique. Il eut notamment comme élève Aristote à l'Académie qu'il a lui-même fondée à Athènes.

Son œuvre, composée presque exclusivement de dialogues, produit les premières formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie occidentale. Notons donc que le fait que l’Atlantide soit abordée dans un Dialogue est une chose normale chez Platon.

Platon n’est pas connu comme étant un écrivain de science-fiction qui chercherait à créer une œuvre totalement fictive ! Bien sur les Dieux interviennent régulièrement dans ses écrits, mais on doit se rappeler que la réalité des Dieux en Grèce Antique est aussi évidente que l’existence des microbes l’est pour nous aujourd’hui. Pour le reste, il peut bien entendu arranger l’histoire pour qu’elle illustre au mieux le point qu’il souhaite mettre en avant, mais il le répète constamment, il n'a rien inventé et ne fait que suivre une tradition. Dans ses textes, il s'inspire tantôt de philosophes antérieurs dont nous possédons des fragments et dont il a assimilé les systèmes dans une synthèse supérieure, tantôt de son maître Socrate, tantôt de traditions grecques secrètes dont nous ne savons presque rien sinon par lui, comme la tradition orphique, la tradition des mystères d'Eleusis, la tradition pythagoricienne qui est la mère de la civilisation grecque, et très probablement des traditions d'Égypte et d'autres pays d'Orient.

Timée

Dans Timée, Platon raconte le Mythe de l’Atlantide puis l'origine de l'Univers et l'origine de l'Homme. L’Atlantide est présentée via un récit fait par Critias, riche Athénien disciple de Socrate et parent de Platon. Selon Critias, son arrière-grand-père Dropidès s'est vu confier par le législateur Solon (vie siècle av. J.-C.) une confidence que lui-même tenait d'un prêtre égyptien du temple de Saïs au cours d'un voyage d'études qu'il entreprit en Égypte en 570 av. J.-C. (L’Égypte était sous domination perse à cette époque). Je vais ici donner les passages qui me paraissent intéressants dans l'ordre où ils apparaissent dans le texte.

" ...ce qu’on raconte aussi chez vous de Phaéton, fils du Soleil, qui, ayant un jour attelé le char de son père et ne pouvant le maintenir dans la voie paternelle, embrasa tout ce qui était sur la terre et périt lui-même frappé de la foudre, a, il est vrai, l’apparence d’une fable ; mais la vérité qui s’y recèle, c’est que les corps qui circulent dans le ciel autour de la terre dévient de leur course et qu’une grande conflagration qui se produit à de grands intervalles détruit ce qui est sur la surface de la terre. "

Il me semble bien qu’il y a ici la description assez claire d’une chute d’astéroïde de grande taille ou d’une collision avec une comète... Ces évènements, fort heureusement rarissimes peuvent provoquer des bouleversements effroyables. La communauté scientifique valide majoritairement, par exemple, que c'est un astéroïde de forte taille qui aurait causé l'extinction des dinosaures.

" Tout d’abord vous ne vous souvenez que d’un seul déluge terrestre, alors qu’il y en a eu beaucoup auparavant ; ensuite vous ignorez que la plus belle et la meilleure race qu’on ait vue parmi les hommes a pris naissance dans votre pays, et que vous en descendez, toi et toute votre cité actuelle, grâce à un petit germe échappé au désastre. Vous l’ignorez, parce que les survivants, pendant beaucoup de générations, sont morts sans rien laisser par écrit. Oui, Solon, il fut un temps où, avant la plus grande des destructions opérées par les eaux, la cité qui est aujourd’hui Athènes fut la plus vaillante à la guerre et sans comparaison la mieux policée à tous égards : c’est elle qui, dit-on, accomplit les plus belles choses et inventa les plus belles institutions politiques dont nous ayons entendu parler sous le ciel. [...] C’est donc de tes concitoyens d’il y a neuf mille ans que je vais t’exposer brièvement les institutions et le plus glorieux de leurs exploits. "

Cette introduction prépare le lecteur à la suite, à savoir qu’il va être question d’une époque oubliée des Grecs, car le souvenir de leurs actions a péri à la suite de déluges qui n’ont laissé subsister chaque fois que des montagnards illettrés mais dont les Égyptiens gardent trace dans leurs écrits (La destruction de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie mettra fin à ceci). Les Grecs de l'époque n’ont pas de connaissances archéologiques et historiques remontant à des milliers d’années(Hérodote, mort vers 425 av. J.-C, est généralement considéré comme étant le tout premier historien), mais ils savent certainement, surtout quelqu’un comme Platon, que 9 000 ans est un gouffre temporel énorme et surtout que la ville d’Athènes ne peut pas avoir cet âge !

Certains font de cette anomalie temporelle la preuve que tout le récit est pur affabulation. D’autres ont tenté de « corriger le tir » en invoquant un problème de traduction à l’origine des mesures temporelles égyptiennes liées à des lunaisons et pas au cycle annuel du soleil comme en Grèce. Je n’accorde pas un grand crédit à cette idée car un simple calcul nous indique que 9000*28 jours donnent 252000 jours qui une fois divisés par 365 nous donne 690 ans, un temps bien trop court pour qu’un tel évènement ait disparu des mémoires. Mais les choses sont rarement aussi binaires.

Dans un premier temps, on doit tenir compte de la recherche d’antériorité sur les Égyptiens (Si les Égyptiens se font échos d’une histoire datant de 9 000 ans, les Grecs vont vouloir positionner leurs ancêtres dans le tableau et tant qu’à faire en leur donnant le beau rôle). En effet la jeune société Greque ne peut ignorer que les Egyptien sont un très ancien Empire donc les monuments antiques ont déjà à l'époque plus de 2000 ans ! Ce point suffit déjà à expliquer pourquoi Platon pourrait vouloir faire remonter Athène aussi loin dans le passé, ce qui ne tient pas historiquement aujourd'hui et ne tenait déjà sans doute pas à son époque. Cette partie serait donc du domaine du mythe et ressenti comme tel assez clairement par toute personne cultivée de l'époque. Si Platon avoit voulu tromper ses lecteurs, il aurait sans doute choisi une date moins improbable.

Mais si on décide que la partie sur l'Athène d'il y a 9000 ans est du domaine du mythe, pourquoi en serait il autrement pour l'adversaire qu'est l'Atlantide ? Et bien le doute, pour ma part, vient de la date justement. Il se trouve qu’elle nous fait remonter au Dryas récent, une période documentée de grands changements, la dernière à ce jour. Le Dryas récent, ou Dryas III, est une période de 1 200 ans allant de 10 900 à 9 700 av. J.-C. Le Dryas récent voit le retour des glaciers sur les terres septentrionales ou montagneuses du fait d'une importante chute de la température moyenne de 7 °C dans l'hémisphère Nord. Il est enregistré dans les sédiments, les carottes glaciaires et les dépôts de pollens fossiles des tourbières. La fin du Dryas récent est marquée à son tour par une élévation brutale de la température moyenne de l'hémisphère nord d'environ 7 °C en 50 à 60 ans, cette hausse atteignant 10 à 12 °C en des durées encore inférieures localement.

Selon les scientifiques, ce refroidissement pourrait être dû, conjointement ou non, à une modification des courants de l'océan Atlantique qui auraient cessé de convoyer de l'eau réchauffée de l'équateur vers l'Europe, une diminution de l'activité solaire, qui selon certains chercheurs s'accompagne d'une diminution des taches solaires et se traduit par une production plus importante de 14C dans l’atmosphère (mais la diminution de l'activité solaire ne pourrait expliquer à elle seule le refroidissement qui a affecté l'hémisphère nord pendant le Dryas), des émissions intenses d'aérosols et de cendres volcaniques, un impacteur (hypothèse de l'impact cosmique du Dryas récent) ou une éjection de masse coronale qui aurait atteint la Terre, déréglé le climat de manière abrupte et causé l'extinction de masse de cette période.

Notons bien que parmi les quelques causes officiellement admises pour le Dryas récent, il y a un « impacteur », c’est-à-dire le choc entre la terre et un corps céleste de masse assez importante. Plusieurs géologues réputés ont d’ailleurs publié ces dernières années différents articles sur des traces de ce type de collision concernant l’hémisphère Nord avec un choc principal au niveau du Canada. La concordance temporelle peut bien sur être un hasard mais c’est un sacré hasard, car des périodes charnières comme ça il n’y en a vraiment pas beaucoup et un gros chiffre pris au hasard à très peu de chance de tomber juste… (Et bien sûr on peut douter que Platon ait choisi cette temporalité pour son mythe car il aurait personnellement su que c'était la date exacte du tout dernier changement cataclysmique qu'avait connu la terre donc ça nous laisse deux possibilités, le hasard ou le fait que les Égyptiens de l'époque antique gardaient encore le souvenir correctement daté d'une catastrophe antédiluvienne).

" ... les monuments écrits disent que votre cité détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie tout entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique. On pouvait alors traverser cet Océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Héraclès. Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. (...) Or dans cette île Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance, qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres îles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du détroit, de notre côté, ils étaient maîtres de la Libye jusqu’à l’Égypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. "

Voilà la première description de l’Atlantide. On peut déjà noter qu’il s’agit d’informations concises et relativement claires, en autre sur la taille (Il s’agit plus d’une île-Continent comme l’Australie que d’une simple île lambda) et sur sa position indiquée en toute lettre comme étant DANS l’Océan Atlantique. Visiblement les Atlantes ont par contre colonisé des terres en méditerranée, au sud la Libye (qui signifie à l’époque toute l’Afrique du Nord entre Maroc et Tunisie, la Libye actuelle étant en bonne partie sous domination égyptienne) et au nord la région Tyrrhénienne (c’est-à-dire la côte nord occidentale de la méditerranée (Sud de l’Espagne et de la France, Côte ouest de l’Italie, Corse, Sardaigne, Sicile et Malte)

Un peu plus loin dans le texte, Platon rajoute une autre information géogaphique en indiquant explicitement que l'Atlantide se trouve au-delà des colonnes d'Héracles (latinisé en « Hercule »). C’est le nom donné, dans l'Antiquité classique, aux montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar. Il s'agit du rocher de Gibraltar (Calpe en latin) au nord, sur la rive européenne, et du mont Abyle (Mons Abyla), aujourd'hui djebel Musa, sur la rive marocaine. Si les légendes diffèrent que le fait que Hercule aurait forcé le passage dans la montagne, créant de ce fait le détroit de Gibraltar ou au contraire réduit la taille du passage existant pour empêcher les monstres de rentrer dans la Méditerranée, l’emplacement est lui bien connu dans le monde Grec et donc si Platon utilise ce terme, c’est encore une fois clairement pour situer l’Atlantide à l’Ouest de Gibraltar et sûrement pas en Méditerranée.

Le texte bascule ensuite sur des considérations différentes, non sans nous promettre de revenir à la composition politique de l’Atlantide et de cette Grèce des temps d’avant. Tout ceci se trouve dans le livre suivant, Critias.

Critias

Faisant suite au Timée, le Critias permet à Platon d'expliquer l'organisation de l'Atlantide. Comme pour le Timée, je vais ici donner les passages qui me paraissent intéressants dans l'ordre où ils apparaissent dans le texte.

" Autrefois les dieux se partagèrent entre eux la terre entière, contrée par contrée et sans dispute. (...) Ayant obtenu dans ce juste partage le lot qui leur convenait, ils peuplèrent chacun leur contrée, et, quand elle fut peuplée, ils nous élevèrent, nous, leurs ouailles et leurs nourrissons, comme les bergers leurs troupeaux... "

Notons qu'on retrouve ici le concept mésopotamien de Dieux qui se partagent la Terre en territoires indépendants. La nuance réside dans le fait que les Dieux mésopotamiens sont vindicatifs entre eux et utilisent l'humanité qu'ils ont créée comme des esclaves alors que les Dieux grecs sont plus paisibles et généralement bienveillants avec les humains. Suis un rapide historique que je résume par quelques extraits du texte.

" C’est ainsi que Poséidon, ayant eu en partage l’île Atlantide, installa des enfants qu’il avait eus d’une femme mortelle dans un endroit de cette île que je vais décrire. (...) Ils engendrèrent une fille unique, Clito, qui venait d’atteindre l’âge nubile, quand son père et sa mère moururent. Poséidon, s’en étant épris, s’unit à elle et fortifia la colline où elle demeurait, en en découpant le pourtour par des enceintes faites alternativement de mer et de terre, les plus grandes enveloppant les plus petites. Il en traça deux de terre et trois de mer et les arrondit en partant du milieu de l’île, dont elles étaient partout à égale distance, de manière à rendre le passage infranchissable aux hommes ; car on ne connaissait encore en ce temps-là ni vaisseaux ni navigation. (...) Lui-même embellit l’île centrale, chose aisée pour un dieu. Il fit jaillir du sol deux sources d’eau, l’une chaude et l’autre froide, et fit produire à la terre des aliments variés et abondants. Il engendra cinq couples de jumeaux mâles, les éleva, et, ayant partagé l’île entière de l’Atlantide en dix portions, il attribua au premier né du couple le plus vieux la demeure de sa mère et le lot de terre alentour, qui était le plus vaste et le meilleur ; il l’établit roi sur tous ses frères

Tous ces fils de Poséidon et leurs descendants habitèrent ce pays pendant de longues générations. Ils régnaient sur beaucoup d’autres îles de l’Océan et, comme je l’ai déjà dit, ils étendaient en outre leur empire, de ce côté-ci, à l’intérieur du détroit, jusqu’à l’Égypte et à la Tyrrhénie. La race d’Atlas devint nombreuse et garda les honneurs du pouvoir. Le plus âgé était roi, et, comme il transmettait toujours le sceptre au plus âgé de ses fils, ils conservèrent la royauté pendant de nombreuses générations. Ils avaient acquis des richesses immenses, telles qu’on n’en vit jamais dans aucune dynastie royale et qu’on n’en verra pas facilement dans l’avenir. Ils disposaient de toutes les ressources de leur cité et de toutes celles qu’il fallait tirer de la terre étrangère."

Beaucoup leur venaient du dehors, grâce à leur empire, mais c’est l’île elle-même qui leur fournissait la plupart des choses à l’usage de la vie, en premier lieu tous les métaux, solides ou fusibles, qu’on extrait des mines, et en particulier une espèce dont nous ne possédons plus que le nom, mais qui était alors plus qu’un nom et qu’on extrayait de la terre en maint endroit de l’île, l’orichalque, le plus précieux, après l’or, des métaux alors connus. Puis tout ce que la forêt fournit de matériaux pour les travaux des charpentiers, l’île le produisait aussi en abondance. Elle nourrissait aussi abondamment les animaux domestiques et sauvages. On y trouvait même une race d’éléphants très nombreuse ; car elle offrait une plantureuse pâture non seulement à tous les autres animaux qui paissent au bord des marais, des lacs et des rivières, ou dans les forêts, ou dans les plaines, mais encore également à cet animal, qui par nature est le plus gros et le plus vorace.

S’il est une chose généralement reliée au mythe de l'Atlantique c'est bien l'Orichalque. Les Romains donnaient ce nom (bien après Platon donc...) au Laiton, l'alliage du Cuivre et du Zinc. Certains ont postulé que l’Orichalque de’ l’Atlantide était le Bronze (Cuivre + Étain) qu’ils auraient su créer avant tout le monde. J’en doute pour ma part car Platon présente l'orichalque non comme un alliage mais comme un métal à part entière, extrait de la terre, ce qui peut plaider pour l'hypothèse du platine, métal précieux et brillant, proche de l'or dans le tableau des éléments, et dont on trouve notamment des gisements en Amérique centrale et du Nord, au Groenland et dans le grand Nord russe.

" Ils tirèrent leurs pierres du pourtour de l’île centrale et de dessous les enceintes, à l’extérieur et à l’intérieur ; il y en avait des blanches, des noires et des rouges. Les deux sources, l’une d’eau froide et l’autre d’eau chaude, avaient un débit considérable et elles étaient, chacune, merveilleusement adaptées aux besoins des habitants par l’agrément et la vertu de leurs eaux. "

Deux détails à relever ici -qui peuvent parfaitement être de l'ordre de la coïncidence- ; Platon parle de pierres de 3 couleurs (Blanches, Noires et Rouges), ce qui est caractéristique des zones à forte activité volcanique tout comme la présence de sources d'eau chaude.

Le texte rentre ensuite dans certains détails de l'organisation politique et de l'évolution de l'Atlantide. En résumé, plus les générations passent, plus l'étincelle divine faiblit et plus les rois sont humains, et donc avides de toujours plus de pouvoir et de fortune, ce qui va les conduire à la guerre contre l'Athènes mythique et forcement parfaite qui sera la seule puissance capable de les stopper avant que Zeus ne décide d'en finir avec eux en faisant couler l'île. Notez ceci dit que le texte n'est pas complet ! Le manuscrit de Platon finit sur ces mots :

" Alors le dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant les lois et qui peut discerner ces sortes de choses, s’apercevant du malheureux état d’une race qui avait été vertueuse, résolut de les châtier pour les rendre plus modérés et plus sages. À cet effet, il réunit tous les dieux dans leur demeure, la plus précieuse, celle qui, située au centre de tout l’univers, voit tout ce qui participe à la génération, et, les ayant rassemblés, il leur dit :…

Soit Platon n'écrivit jamais la suite, dans laquelle il devait détailler la guerre des Athéniens contre les Atlantes, soit celle-ci s'est perdue. Le même doute subsiste quant à l'existence du troisième dialogue, l'Hermocrate, qui devrait en toute logique compléter le triptyque.

Ignatius Donnelly et l’hypothèse de l’histoire vraie

Le texte de Platon sera vite oublié jusqu’à ce qu’on découvre l’Amérique. Certains se rappellent alors de cette « île-continent » sensée se situer au large des colonnes d’Hercule. Et si l’Atlantide était l’Amérique ? Mais très vite les autorités religieuses font taire ces questions. Comment imaginer qu’une telle civilisation, si elle avait existé, soit absente de l’Ancien testament ? Cette absence va longtemps avoir force de preuve qu’il s’agit d’un simple mythe et malheur à celui qui voudrait contredire la sainte inquisition.

La première étude sérieuse sur le sujet date de 1882. Cette année-là, Ignatus Donnelly publie un ouvrage intitulé « Atlantis : The Antediluvian World ». Donnely part du principe que l’histoire de Platon est vraie et que l’Atlantide a été détruite par un cataclysme mondial que la Bible présente comme « Le Déluge ». Il avance comme argument en faveur de sa thèse qu’il est extrêmement peu probable que les civilisations pré-colombiennes ait eu le moindre contact avec les anciennes civilisations européennes comme l’Égypte et que la seule explication aux points communs retrouvés dans les mythes et les gravures Maya et Égyptiennes serait par conséquent une civilisation originelle commune aux deux.

Selon lui, quelques personnes purent s'échapper de l’Atlantide à bord de bateaux et de radeaux et ont emporté vers l'est et l'ouest la nouvelle de la terrible catastrophe qui a survécu jusqu'à nos jours dans les légendes d'inondation et de déluge des différentes nations des vieux et nouveau mondes. Dans un ouvrage ultérieur, « Ragnarok : The Age of Fire and Gravel », il donnera comme hypothèse la plus probable à la cause du déluge un choc avec une comète, ce qui expliquerait l’omniprésence du mythe du serpent dans les diverses cultures (Graham Hancock n’a donc rien inventé, il ne fait que travailler sur cette hypothèse déjà ancienne).

Aujourd’hui classifié comme auteur populiste et pseudo-scientifique, l’homme fut de son vivant rien moins que lieutenant-gouverneur du Minnesota de 1860 à 1863, député républicain radical du Minnesota aux 38e, 39e et 40e Congrès (1863-1869), sénateur d'État de 1874 à 1878 et de 1891 à 1894, et représentant d'État de 1887 à 1888 et de 1897 à 1898. Donnelly a également été un partisan précoce du droit de vote des femmes.

Hypothèse des Açores

Partisan d’une lecture stricte du texte de Platon, Donnelly place l’Atlantide au niveau des îles les plus proches du point médian entre Portugal et Mexique, à savoir les Açores. Les Acores sont un groupe d’îles portugaises qui se trouvent dans l'Atlantique Nord, à environ 1 450 km à l’ouest de Lisbonne. Diogo de Silves en est le découvreur supposé en 1427, sans débarquement. Gonçalo Velho Cabral est l'explorateur de l'archipel à partir de 1432 où il introduit du petit bétail (moutons, chèvres, porcs, poulets). Les Açores sont inhabitées à leur découverte mais on y a découvert par la suite des vestiges mégalithiques.

" On pouvait alors traverser cet Océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Héraclès. Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. "

Partant des colonnes d’Hercule (Gibraltar), si l’on admet qu’il y avait au niveau des Acores une très importante île depuis submergée à 95 %, on aurait bien en continuant vers l’Ouest d’autres îles, Les Bahamas, puis un véritable continent, les Amériques… Étrange coïncidence encore une fois… L'hypothèse a été par la suite scientifiquement discréditée grâce à la tectonique des plaques et aussi à cause de la profondeur importante des terres immergées autour des îles. Pour qu'une île-continent s'effondre, il faut que ce soit une plaque complète qui s'effondre, ce qui rendait l'hypothèse irréaliste.

Mais on sait à présent que les Açores sont un point très particulier, car c'est le point de jonction de TROIS plaques tectoniques (Afrique, Europe, Amériques). Les Açores reposent sur un plateau océanique basaltique, appelé aussi plateau sous-marin, qui est une vaste région de croûte océanique anormalement épaisse située en moyenne de 2 000 à 3 000 mètres au-dessus du plancher océanique. Il a été formé par le point chaud des Açores, un point chaud étant une région dont l’activité volcanique intense est due à des remontées chaudes de manteau nommées panaches. Le plateau océanique des Açores est donc en réalité une micro plaque tectonique, un micro-continent de forme grossièrement triangulaire et se trouvant à moins de 2000 m sous le niveau de la mer.

On aborde ici l’autre argument régulièrement donné contre l’hypothèse de l’Atlantide aux Acores, c’est que les terres émergées il y a 10 000 ans se trouvent normalement à moins de 200 mètres de la surface et non pas à 2000 mètres. C’est fort juste sauf cas particulier ! Et la position des Acores, à la rencontre de TROIS plaques tectoniques en fait justement un cas très particulier.

Le géologue français Pierre Termier a d’ailleurs apporté sur le sujet un témoignage très important :

« Dans l’été de 1898, un navire était employé à la pose d’un câble télégraphique sous-marin qui relie Brest au Cap Cod. Le câble avait été rompu ; et on cherchait à le repêcher, au moyen de grappins. C’était par 47°0’ de latitude Nord et 29°40′ de longitude à l’Ouest de Paris, à 500 milles ou 800 kilomètres environ au Nord des Açores. La profondeur moyenne était d’à peu près 1700 brasses ou 3100 mètres. Le relevage du câble présenta de grandes difficultés, et il fallut, pendant plusieurs jours, promener les grappins sur le fond. On constata ceci : le fond de la mer, dans ces parages, présente les caractères d’un pays montagneux, avec de hauts sommets, des pentes roides et des vallées profondes. Les sommets sont rocheux et il n’y a de vases que dans le creux des vallées.

Le grappin, en parcourant cette surface très tourmentée, se prenait constamment dans les roches à pointes dures et à arêtes vives ; il revenait presque toujours cassé ou tordu, et les tronçons remontés portaient de grosses et larges stries et des traces de violente et rapide usure. A plusieurs reprises, on trouva entre les dents du grappin de petites esquilles minérales ayant l’aspect d’éclats récemment brisés. Toutes ces esquilles appartenaient au même genre de roches. L’avis unanime des ingénieurs qui assistaient au dragage fut que les éclats en question avaient été détachés d’une roche nue, d’un véritablement affleurement, acéré et anguleux.

La région d’où provenaient les éclats était d’ailleurs précisément celle où les sondages avaient révélé les plus hauts sommets sous-marins et l’absence presque complète de vases. Les esquilles, ainsi arrachées à des affleurements rocheux du fond de l’Atlantique, sont d’une lave vitreuse, ayant la composition chimique des basaltes et appelée tachylyte par les pétrographes. Nous conservons quelques-uns de ces précieux fragments au Musée de l’École des Mines de Paris. Le fait a été signalé, en 1899, à l’Académie des Sciences. Peu de géologues en ont, à ce moment-là, compris la très grande portée. Une telle lave entièrement vitreuse, comparable à certains verres basaltiques des volcans des îles Sandwich, n’a pu se consolider à cet état que sous la pression atmosphérique. Sous plusieurs atmosphères, et à plus forte raison sous 3000 mètres d’eau, elle aurait certainement cristallisé. Elle nous apparaîtrait formée de cristaux enchevêtrés, au lieu d’être faite uniquement de matière colloïdale. Les études les plus récentes ne laissent à ce sujet aucun doute ; et je me contenterai de rappeler l’observation de M. Lacroix sur les laves de la Montagne Pelée de la Martinique : vitreuses, quand elles se figent à l’air libre, ces laves se remplissent de cristaux dès qu’elles se refroidissent sous un manteau, même peu épais, de roches antérieurement solidifiées.

La terre qui constitue aujourd’hui le fond de l’Atlantique, à 900 kilomètres au Nord des Açores, a donc été recouverte de coulées de laves quand elle était encore émergée. Elle s’est, par conséquent, effondrée, descendant de 3000 mètres ; et comme la surface des roches y a gardé l’allure tourmentée, les rudes aspérités, les arêtes vives des coulées laviques très récentes, il faut que l’effondrement ait suivi de très près l’émission des laves, et que cet effondrement ait été brusque. Sans cela, l’érosion atmosphérique et l’abrasion marine eussent nivelé les inégalités et aplani toute la surface.»

Pierre Termier n’est pas n’importe quel géologue. En 1894, il est nommé à la chaire de minéralogie et de pétrographie de l’École des mines de Paris, puis professeur de géologie générale. Les honneurs affluent : il sera directeur du Service de la Carte géologique de France et, à plusieurs reprises, président de la Société française de minéralogie et président de la Société géologique de France ; il est nommé académicien dans la section de minéralogie en 1909, inspecteur général des mines en 1914 et docteur honoris causa de l’université d’Innsbruck l’année de sa mort. Il apporte avec ce témoignage une preuve géologique de l’effondrement assez récent du plateau des açores qui peut parfaitement correspondre en terme de chronologie avec les écrits de Platon.

Hypothèse des Bahamas et/ou de Cuba

Bimini... Cet îlot des Bahamas situé au large de la Floride fut découvert au printemps de l’année 1512 par l’Espagnol Juan Ponce de León, qui pensait y trouver la fameuse « fontaine de jouvence » des légendes des Indiens antillais. Entre 1939 et 1940, le médium américain Edgar Cayce fait plusieurs fois allusion à l’Atlantide dans ses « visions ». Il affirme, c’est sa prédiction la plus connue, que des vestiges de l'Atlantide seront trouvés en 1968 ou en 1969 devant les côtes des îles Bimini :

« Le continent de l'Atlantide occupait une position située entre le golfe du Mexique d'une part, et la Méditerranée d'autre part. Une partie des temples peut encore être découvert sous la boue des âges et de l’eau de mer près de Bimini … Attendez vers ‘68 ou ‘69 – pas plus loin. »

Par une étrange coïncidence, l’îlot revint au-devant de l’actualité en 1968 à cause de la découverte par le zoologue J. Manson Valentine de structures sous-marines d’un aspect particulier. Longue de 70 m et large de 10 m, elle semble construite en gros blocs de pierres régulières assemblées par une espèce de ciment. Certains blocs ont plus de 5 m de côté avec une épaisseur variant de 0,50 à 1,50 m. En fonction de leur densité, ces blocs peuvent atteindre un poids de 5 tonnes. La face extérieure du mur est nettement dressée et alignée. Les coins inférieurs sont vérifiables à l'équerre dans les trois axes.

En 1971, l'ingénieur chimiste Doru Todericiu et l'ingénieur naval Dimitri Rebikoff explorent et photographient ces vestiges qui, selon eux, semblent indiquer qu'on aurait affaire à un ancien port submergé, comportant des quais et une double jetée, élargie à certains endroits symétriques. De son côté, après dix expéditions sous-marines, commencées en 1974, le professeur d'anglais David Zink acquiert aussi la conviction que ces pierres sont des mégalithes érigés par l'homme.

Mais une vive controverse éclata autour de la nature réelle desdites structures à partir du moment où les géologues établirent que ces ruines s’étaient retrouvées immergées vraisemblablement sous l’action du lent affaissement local du plateau des Bahamas et du rehaussement ininterrompu du niveau des eaux marines dû à la fonte des glaces polaires (L’autre option serait qu’elles avaient été construites par des hommes poissons !), ce qui les amenait à un âge minimum de 12 000 ans.

Un certain Wyman Harrison, géologue et écologiste en quête de gloire facile, décréta alors qu'elles étaient naturelles, similaires à la chaussée des Géant en Irlande. Malgré les conclusions contraires scientifiquement établies par des spécialistes hautement qualifiés , on s'en tint officiellement à cette version. Cette attitude était moins dictée par la force des arguments de Harrison, que par le fait qu'on ne pouvait pas imaginer des bâtisseurs capables de réaliser de telles constructions à l'époque, ni en Amérique, ni ailleurs.

« Selon le rapport officiel des géologues de l’université de Miami du 25 février 1971, le « mur » est formé de blocs de micrite qui ne présentent aucune ressemblance de nature pétrographique avec les formations rocheuses naturelles qu’il recouvre. Ces dernières sont de nature calcarénite (grains de matériau calcaire cimenté par des cristaux aciculaires d’aragonite), caractéristique des roches des côtes du nord de l’îlot de Bimini. Le rapport des scientifiques est formel : les blocs qui composent cette structure artificielle relèvent, du point de vue géologique, de couches qui se trouvent à une distance de plus de vingt kilomètres de l’autre côté de l’île, d’où ils proviennent. »

Depuis d’autres restes (murs, routes dallées, ruines de monuments, etc.) ont été découvertes dans cette région. En 2000 une équipe menée par l'ingénieur maritime Paulina Zelitski et son mari Paul Weinzweig, travaillant sur une mission d'exploration en collaboration avec le gouvernement cubain, ont découvert au large de la côte de la péninsule de Guanahacabibes dans le Pinar del Río (une Province de Cuba) des structures en pierre présentant certaines particularités géométriques qui ont pu les laisser interpréter comme des ruines d'anciennes constructions humaines. Lors de sa deuxième visite, l'équipe est revenue sur le site avec un véhicule sous-marin télécommandé qui a filmé des images avec sonar interprétées comme diverses structures circulaires ou pyramidales faites de blocs de pierre massifs et lisses ressemblant à du granit taillé, situées à des profondeurs d’environ 200 mètres, réparties sur une surface d'environ 20 km². Après avoir étudié les images, le rédacteur en chef de National Geographic, John Echave, a déclaré en 2002 : « Ce sont des anomalies intéressantes, mais c'est tout ce qu'on peut dire pour le moment. Cependant je ne suis pas un expert en sonar et jusqu'à ce que nous soyons capables d'aller là-bas pour voir, il sera difficile de caractériser ces formations. ». Et ça fait 20 ans que divers blocages financiers ou administratifs ont fait échouer toutes les tentatives de monter une expédition destinée à creuser la question…

Notons cependant que même si ces ruines seraient la preuve qu’une ancienne civilisation inconnue peuplait le plateau des Bahamas avant qu’il soit recouvert par la mer, elles ne sont pas pour autant une preuve de l’existence de l’Atlantide, car ces constructions ne nous disent rien de leurs bâtisseurs. Par contre et inversement, j’ai souvent lu que le simple fait que la mer ait recouvert le site suite à la forte montée du niveau des océans il y a 12 000 ans (cette dernière étant reconnue par la science officielle) excluait l’hypothèse « Atlantide » puisque Platon parle d’une catastrophe soudaine. Ce raisonnement se tient si l’on parle d’une montée progressive des niveaux de la mer comme on le connaît de nos jours (D’après des recherches publiées le 15 février 2022, le niveau des océans s’élève de plus en plus vite et devrait gagner 30 cm d’ici à 2050). Mais si l’on tient compte d’un impacteur cosmique majeur, le scénario est tout autre, il y aurait à ce moment-là un Tsunami mondial qui dévasterait brutalement une bonne partie des zones terrestres hors montagne puis un dérèglement climatique majeur pouvant conduite à une montée progressive des océans qui recouvriraient alors les ruines des zones côtières.

Hypothèse des Canaries

Le troisième et dernier endroit situé "au delà des colonnes d'hercule" ET "donnant plus loin sur un vaste continet" est l'archipel des Canaries. Les îles Canaries sont un archipel situé au large des côtes du Maroc et constitué de sept îles principales: Tenerife, Gran Canaria, Lanzarote, Fuerteventura, La Palma, La Gomera et El Hierro. Ces îles étaient habitées bien avant l’arrivée des Européens, par un peuple autochtone appelé les Guanches. Les îles Canaries sont connues depuis l’antiquité. On sait que les Phéniciens et les Carthaginois y abordèrent.

Les premiers conquérants furent les Normands Jean de Bethencourt et Gadifer de Lasalle, qui s’établirent à Lanzarote en 1402 puis à Fuerteventura et à El Hierro. En débarquant pour la première fois aux îles Canaries, les Normands y trouvèrent des indigènes autochtones, les Guanches, plutôt blonds, au teint clair et de haute taille. La population autochtone des îles devait alors s’établir à environ 70 000 individus au total, dont près de 30 000 à Tenerife et autant à Gran Canaria. Lorsqu’il leur fut possible de comprendre leur langue, ils découvrirent avec étonnement que les Guanches se croyaient seuls au monde, persuadés d’être les derniers survivants d’une terrible catastrophe qui, plusieurs millénaires auparavant, avait anéanti l’humanité toute entière ! Les îles étant bien à l’ouest (sud-ouest) des colonnes d’Héraclès, certains y virent donc un lien direct avec l’Atlantide.

Sur le plan architectural, Tenerife recèle un lieu archéologique spectaculaire : le site de Güimar, avec plusieurs pyramides à degrés présentant une orientation Nord/Sud sur l’axe du solstice d’été. La perfection et la taille des structures pyramidales leur confèrent un caractère cérémoniel, voire astronomique puisque l’Institut d’Astrophysique considère leur sommet comme propice à l’observation du ciel. Entre les pyramides, diverses places, ou aires délimitées, pourraient avoir représenté des lieux de culte ou d’expériences agricoles. On suppose en effet que l’observation des mouvements de la lune et du soleil peut avoir servi à l’identification des cycles agricoles, comme semble le confirmer leur localisation près de points d’eau. Visiblement le groupe humain à l’origine de ces constructions a ensuite fortement régressé car voici la description faite par Bocacce, un des premiers lettrés accompagnant les normands :

« des terres rocailleuses sans aucun type d’agriculture, mais riches en chèvres et autres animaux et remplies d’hommes et de femmes dénudés s’apparentant à des sauvages. »

Deux religieux, Pierre Bontier et Jean Leverrier, étudièrent la vie des indigènes et ajoutèrent une série de détails savoureux à la description de Bocacce. Selon leur témoignage, les Guanches primitifs, vivaient à l’âge de pierre, en communautés matriarcales, se nourrissant de racines et de lait de chèvre, et utilisant, comme armes, des pierres et des pics de bois aiguisés. Ces troglodytes, disaient-ils, « escaladaient les montagnes avec la même aisance que les chèvres et étaient si bon coureurs qu’ils pouvaient chasser un lièvre dans sa course ». Les Normands d’abord puis les Espagnols furent très étonnés d’observer ce peuple Guanche qui d'un côté ignorait l’usage des métaux, des tissus et de la navigation et n’utilisait que des outils en pierre mais de l'autre connaissait l’écriture et l’astronomie, appréciait la poésie, disposait d’une législation très élaborée et pratiquait une religion aux rites compliqués.

Il faut reconnaître que l’origine des premiers Canariens pose un réel problème ethnologique et l’on est assez tenté de voir une parenté entre les Guanches et les anciens berbères d’Afrique du Nord, également blonds et aux yeux bleus. Les premières analyses d'ADN ancien sur des marqueurs uni-parentaux ont mis en évidence les haplogroupes du chromosome Y E1b-M81, E1b-M78 et J-M267 et l'haplogroupe mitochondrial U6b. Ces premiers résultats sont en accord avec des données linguistiques, archéologiques et anthropologiques qui indiquent une parenté Nord Africaine Berbère.

Les Kabyles, peuple berbère d’Algérie, se distinguent par leur diversité ethnique et culturelle. Parmi les particularités physiques des Kabyles, on remarque souvent la présence de cheveux blonds et des yeux bleus. Ces caractéristiques suscitent de nombreuses interrogations quant à son origine qui reste un mystère complexe.

De mon point de vue, tout ceci plaide plus pour un territoire qui aurait vu arriver des survivants d’une catastrophe aux Açores que pour une Atlantide canarienne qui aurait sombré dans les flots car, comme pour les Bahamas, la géologie semble bien démontrer qu'il est impossible qu'un vaste territoire se soit ici soudainement "effondré" sous l'eau comme nous l'indique le mythe. Seule la zone des Açores possède des caractéristiques tectoniques rendant un effondrement soudain possible et même probable selon certains géologues (Avec ce bémol que même si l'effondrement soudain de la zone des Açores était scientifiquement avéré, ça ne prouverait en rien l’existence de l'Atlantide MAIS c'est compatible avec le mythe, ce qui empêche de classer l'affaire avec un haussement d’épaule dédaigneux…).

Les hypothèses d’un mythe reprenant des éléments de réalité

Le monde ne se divise pas qu’entre ceux qui pensent que le texte de Platon est purement « historique » et ceux qui pensent que c’est un pur récit de fiction. Il y en a d’autres qui estiment que Platon s’est servi d’évènements réels pour le construire mais en replaçant ces évènements dans le temps et dans l’espace. C’est ce qui explique certaines hypothèses très suivies plaçant du coup l’Atlantide en Méditerranée ou dans la mer du Nord…

Personnellement je suis très sceptique avec tous raisonnements qui veulent valider en texte en montrant que tel et tel point semblent bien réels tout en faisant l’impasse sur les points qui eux ne correspondent pas. Pour moi si l’Atlantide a existé, il faut la situer dans l’Atlantique avec une date de destruction en correspondance avec le Dryas récent. Par contre on peut effectivement explorer d’autres pistes, mais plus en cherchant la cité de l’Atlantide mais plutôt la source d’inspiration de Platon liée à la destruction d’une civilisation par un évènement extrêmement soudain et violent.

Hypothèse de Santorin

Santorin est l’hypothèse qui a étrangement encore aujourd’hui le plus de succès ! Je dis étrangement pour plusieurs raisons, la première que j’ai déjà évoquée et qui restera valable pour toutes les hypothèses à suivre, c’est que l’emplacement et la datation ne correspondent pas.

Santorin est un archipel grec situé tout au sud de la mer Égée (Mer bordée par la Grèce à l’Ouest, la Turquie à l’Est et la Crête au Sud) qui a connu une éruption volcanique majeure vers 1600 avant J.C. On y trouve des sites archéologiques, notamment ceux de la ville antique d'Akrotiri où furent retrouvées des ruines Minoennes (La culture Minoenne est originaire de Crête et compte parmi les plus anciennes cultures européennes avec les Mycéniens en Grèce continentale).

L'île de Santorin a la forme d'un croissant ouvert vers l'ouest. C’est une forme assez singulière et quand on regarde les quatre îles, on a l’impression de regarder un anneau avec un point de terre central qui n’est pas sans rappeler la description du centre de la capitale de l’Atlantide. C’est le premier point qui a amené pas mal de gens à valider l’hypothèse Santorin comme emplacement de l’Atlantide. C’est de mon point de vue une aberration car on ne peut pas considérer à la fois que Platon décrit aussi précisément un lieu et le déplace en plein Atlantique alors que sa position vraie serait dans son propre pays, ça n’a pas de sens. De plus on est quand même loin des trois anneaux de terre du texte ! (Par contre, contrairement à ce que j’ai souvent lu, l’argument voulant que cette forme n’est pas du tout un critère d’identification valable car elle résulte de la destruction d’une île originelle sans doute différente de forme par une explosion volcanique est erroné. En effet les études récentes montrent que l’effondrement de l’île unique originelle date d’une éruption bien plus ancienne, vieille d’environ 20 000 ans. Comme des coulées magmatiques sont présentes à la fois sur les versants extérieurs et sur la paroi intérieure du cratère moderne, il est certain que l'archipel avait déjà lors de l’éruption de 1600 avant J.-C. sensiblement la même apparence qu'aujourd'hui).

Mais laissons la forme de l’île actuelle de côté. C’est l'archéologue grec Spyrídon Marinátos et son compatriote le sismologue Angelos Galanopoulos, tous deux forts réputés dans leur domaine, qui proposèrent dans les années 1960 l'« hypothèse minoenne » selon laquelle la destruction de l'île, passée dans la mémoire collective sous forme de mythe, aurait inspiré à Platon son récit de l'Atlantide. De quoi s’agit-il ?

On sait de manière scientifique que l’île de Santorin a bien subi une éruption volcanique majeure vers 1600 avant J.C. On sait que c’était une énorme éruption puisqu’on retrouve des traces des éjectas de l'éruption et les dépôts marins des tsunamis qui l’ont immédiatement suivi dans les sites archéologiques de tout l'est des rivages de la Méditerranée, ce qui fournit une couche stratigraphique de référence. On estime par exemple qu'au moins trois vagues successives d'une vingtaine de mètres de hauteur sont entrées sur des centaines de mètres à l'intérieur de la Crète.

Si la civilisation minoenne, dont le cœur était l’île de Crète, a certainement été durement touchée par ces tsunamis et la ville de Akrotiri intégralement détruite comme le fut Pompéi, la théorie selon laquelle c'est cette catastrophe volcanique qui aurait subitement détruit la civilisation minoenne est aujourd'hui réfutée. La catastrophe aura certes affaibli les Minoens, mais ce sont bien les peuples de la mer et les Mycéniens qui sont la vraie cause de leur disparition et ceci vers les années 1200 avant J.C., soit quatre siècles après l’éruption de Santorin. De mon point de vue, pour que cette catastrophe ait la moindre chance d’avoir été la racine du mythe de l’Atlantide, il aurait fallu a minima que ce soit Knossos, la capitale crétoise qui sombre dans la méditerranée et pas une ville située sur une île assez périphérique de l’espace Minoen ! De plus il ne faut pas oublier que plus de mille ans séparent Platon de l’éruption et que la langue écrite des Minoens n’était pas connue des Grecs (on a pas la moindre trace d’une quelconque traduction) ce qui rend la survie du souvenir de la catastrophe jusqu’à Platon très peu probable.

Hypothèse de l'Andalousie

Stavros Papamarinopoulous, professeur de géophysique à l'université de Patras en Grèce a émis une hypothèse originale reposant sur sa connaissance approfondie du Grec ancien. Selon lui, ‘’nêsos’’ peut aussi bien signifier une île qu'une presqu'île ou une péninsule ! Or si on regarde JUSTE au débouché (pro tou stomatos) des Colonnes d'Hercule, on trouve la Péninsule ibérique. De plus, la "grande plaine", celle du Guadalquivir en Andalousie (un peu au-dessus de Cadix), présente des dimensions qui correspondent à la description faite par Platon.

Même si cet emplacement peut difficilement être vu comme « un autre monde situé dans l’océan Atlantique », il présente l’avantage d’expliquer un autre passage obscur du texte, à savoir «aussi depuis ce temps la mer est-elle devenue inaccessible et a-t-elle cessé d'être navigable par la quantité de limon que l'île abîmée a laissé à sa place ».  Dans l'Antiquité classique, une grande partie de ce qui est aujourd'hui le cours inférieur du Guadalquivir et son delta connu sous le nom de Parc Naturel de Doñana étaient occupés par un golfe s'enfonçant profondément dans les terres, appelé par les Romains le Lacus Ligustinus. Ce Lacus aurait pu parfaitement comporter des îles. Un tsunami se serait alors révélé particulièrement destructeur et serait de plus parfaitement compatible avec la description post cataclysme de Platon d'eaux "boueuses" et "peu profondes" occupant l'emplacement de l'ancienne cité mythique et interdisant toute navigation.

Ce qu’on sait avec certitude, c’est que cette région fut, dès le Chalcolithique, le siège d'une civilisation assez avancée pour l'époque, Tartessos, qui est la toute première civilisation évoluée de l'Europe occidentale d'après les anciens Grecs... On a pu trouver diverses traces de cette civilisation avec un dessin qui revient souvent, celui de trois anneaux concentriques. Plus troublant, le gisement de Marroquíes Bajos, le plus remarquable de tous ceux qui entourent la ville de Jaén, a révélé un macro-village organisé en 5 cercles concentriques avec un système de murailles, de palissades et de fossés d'eau dans chacun de ces cercles, et une surface qui oscille entre 120 hectares certains et 270 probables. Certains ont tiré de tout ceci qu’il pourrait s’agir de l’Atlantide, d’autres qu’il pourrait s’agir d’une colonie de survivants.

Strabon, le célèbre géographe et historien grec (–58/ +25), citant lui-même le poète lyrique grec Stesichoros d'Himera et Pytheas, rapporte que 2.600 ans avant son époque, des navigateurs allèrent au-delà des colonnes d'Hercule et rentrèrent en rapport avec les habitants de Tartessos. Ces navigateurs avaient indiqué, affirme-t-il, que les gens de Tartessos leur avaient dit avoir des souvenirs écrits de leur histoire qui débutait par une catastrophe remontant à 7.000 ans avant cette époque. Le cumul des dates donne 9.600 ans, et étant donné l'époque à laquelle vivait Strabon, la date de - 9 600 peut être avancée pour les origines de l'histoire de ce mystérieux peuple de Tartessos.

Les habitants de Tartessos parlaient une langue et élaborèrent une écriture différente de celles des peuples voisins (que certains chercheurs relient au basque), et connurent ensuite l'influence culturelle des Phéniciens et des Égyptiens par le biais des Phéniciens. Ils sont peut-être apparentés aux Berbères du Sahara selon certains auteurs.

Autres Hypothèses

Il y a eu d'autres hypothèses mais qui semblent franchement plus éloignées du mythe que celles qu'on a détaillé jusque là. On peut citer :

- Maroc : Un auteur américain, Mark Adams, a publié un livre nommé « Meet me in Atlantis » en 2015. Il s’appuie sur les travaux de l’informaticien allemand Michael Hubner, décédé en 2013, qui avance que les ruines de l’Atlantide ne seraient pas sur une ile a proprement parlé mais sur la côte Atlantique du Maroc. Utilisant un programme informatique sophistiqué dans lequel il avait rentré les différentes caractéristiques physiques données par Platon, il aurait identifié un seul point compatible, la plaine du Souss a environ 160 Km au sud de Marrakech.

- Heliogoland en Mer du Nord : Selon Jürgen Spanuth, un pasteur protestant qui a aussi étudié l'archéologie, les Atlantes seraient un peuple maritime ayant attaqué les pays de l'Est de la Méditerranée environ 1200 ans av. J.-C. et la cité mythique d'Atlantis se trouverait dans la région actuelle de l'Heligoland. Historiquement, le Doggerland dont le banc de sable du Dogger Bank forme aujourd'hui les restes d'un engloutissement causé par un méga-tsunami lors de l'effondrement de Storegga qui pourrait correspondre à la catastrophe de l’Atlantide décrite par Platon sauf que la chronologie n’est pas concordante, l’effondrement étant daté d’il y a environ 8150 ans.

- Antarctique : Pour les auteurs canadiens Rand et Rose Flem-Ath, auteurs de When the Sky Fell (Quand le ciel tombait, 1995), l'Atlantide aurait été située en Antarctique. Leur conclusion repose autant sur la théorie de Hapgood touchant les déplacements de l'écorce terrestre que sur leurs propres découvertes et recoupements. La théorie de Charles Hapgood, soutenue à l'époque par Einstein, stipule que l'écorce terrestre qui repose sur un magma liquide peut se déplacer soudainement sur ce magma sous l'effet de forces, et ceci en complément de la théorie du mouvement des plaques continentales. Pour Rand et Rose Flem-Ath, la croûte terrestre aurait connu un déplacement soudain de l'ordre de 3 200 km, il y a environ 10 000 ans. Le problème c'est que les carottes glaciaires prélevées en Antarctique depuis les années 1960 (carotte Vostok, carotte Byrd nombreuses carottes du projet EPICA, en particulier celle du Dome C) attestent de manière incontestable de la glaciation complète du continent antarctique depuis des centaines de milliers d'années. Toute hypothèse d'un brusque déplacement du continent antarctique est donc, au regard des connaissances géologiques et climatiques actuelles reconnues par la communauté scientifique comme un non-sens.

- Structure de Richat en Mauritanie : La structure de Richat, surnommée « l’œil de l'Afrique » , est une structure géologique située dans le Sahara mauritanien près de Ouadane. Circulaire d'un diamètre d'environ 50 km, la structure ne s'observe pleinement que depuis l'espace et a été révélée dans toute son étendue en 1965 par le programme spatial Gemini. La structure fut d’abord interprétée comme une structure d'impact de météorite à cause de sa quasi parfaite circularité. Mais rapidement certains ont rapproché sa forme circulaire des fameux trois anneaux de l’Atlantide… sauf que la structure est largement à l’intérieur des terres et elle l’était déjà il y a 12000 ans ! Depuis les années 2000, il est acquis que la structure de Richat est issue d'une forme rare de volcanisme géant, vieux de 100 millions d'années (Crétacé).

Ma conclusion

La voie de la facilité aujourd'hui est la même que celle d'hier, celle qui menait toute la communauté scientifique de 1870 à dire que la guerre de Troie était un mythe et que des "pseudo archéologues" comme Heinrich Schliemann perdaient leur temps et leur énergie à poursuivre une chimère, la découverte d'une véritable cité de Troie. L'histoire leur a donné tord mais ils ne présentèrent pas la moindre excuse, juste des critiques sur le côté amateur des fouilles entreprises qui avaient pu abîmer le site (Si certains l'avaient aidé au lieu de se foutre de lui pour être bien dans les clous du système, ça aurait sûrement été mieux...).

Donc avant de trancher définitivement sur le côté mythologique ou non de l'Atlantide, il faut garder plusieurs choses en mémoire, la principale étant l’échelle de temps. Il faut en effet voir dans quel état on découvre des cités grecques ou assyriennes qui ont 2-3000 ans ! A ce sujet l’exemple d’Hélikè en Grèce est très parlant d’autant qu’il n’est pas sans rapport avec l’Atlantide.

es textes grecs nous renseignent clairement sur une ‘polis’ (cité-État) de Grèce antique nommée Héliké, située sur la côte nord du Péloponnèse, dans la région d'Achaïe, non loin de la cité de Bouras. Selon Diodore de Sicile, elle était la ville la plus fameuse d'Achaïe. C’est sans doute exact car on sait qu’Hélikè frappait sa propre monnaie dont un exemplaire, une pièce de cuivre, est conservée au Bode-Museum . Le même Diodore de Sicile indique que la cité fut intégralement détruite par un cataclysme. Claude Élien écrit que, cinq jours avant la catastrophe, tous les animaux fuient la ville en empruntant la route qui mène à Kérynéia, au grand étonnement des habitants qui n'en comprennent pas la raison. La catastrophe survient une nuit : un séisme se produit, une immense vague submerge Hélikè, la ville s’enfonce dans la terre et disparaît tout comme dix navires lacédémoniens à l'ancre dans la baie.

lors bien sur les archéologues ont voulu retrouvé les traces de cette cité. La zone indiquée est effectivement sujette à une activité sismique ancienne et régulière. Les fouilles commencent dès les années 50 et… Hélikè fut finalement redécouverte en 2001, enterrée dans une ancienne lagune, près du village actuel de Rizómylos.

Les relevés géologiques effectués dans la région confirment qu'il y a bien eu à l’époque indiqué par les textes anciens un séisme qui a atteint 6,4 sur l'échelle de Richter. Et la nature sableuse du sous-sol de la cité classique provoqua alors un phénomène dit de liquéfaction du sol qui entraîne non seulement l'effondrement mais aussi un enfoncement des bâtiments ! Le séisme, à lui seul, ne peut pas cependant avoir englouti toute la ville dans le sol. Plusieurs indices confirment aussi le tsunami évoqué par les sources antiques. La disposition des pierres écroulées retrouvées dans la strate archéologique de la cité classique laisse penser que les murs ont été emportés par une énorme vague. Les destructions ont probablement été renforcées au moment où la vague s'est retirée, charriant des débris de bâtiments ou de navires qui sont entrés en collision avec les bâtiments encore debout.

Cet évènement a du fortement marquer les esprits en Grèce et pourrait même être la source d’inspiration de Platon ! Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’avec de nombreux documents d’époque et les moyens de recherches modernes, il a fallu un demi-siècle aux archéologues pour repérer l’emplacement exact d’Hélikè. Tenant compte de ça, on sera bien inspiré d’y réfléchir à deux fois avant d’argumenter que l’Atlantide est un mythe car sinon, on l’aurait déjà localisé… Trouver une cité située sur une île au milieu de l’Atlantique qui se serait effondrée dans un cataclysme majeur il y a 12000 ans c’est clairement pas la même chose que retrouver une cité côtière localisée assez précisément sur la côte grecque victime d’une catastrophe il y a « seulement » 2500 ans !

Autre sujet de réflexion, le fait que la date de Platon coïncide avec une catastrophe majeure de notre planète, catastrophe qui n’est pas censée être connue des grecs peut bien sur relever de la coïncidence mais il faut faire attention à ne pas systématiquement exclure de la réflexion tous les éléments gênants sous prétexte que « ça peut être le hasard ».

Notez aussi que contrairement à ce qu’on dit souvent, il y a d’autres textes faisant référence à ce qui pourrait être l’Atlantide. Ainsi Homère (-900) parle d’une île océane nommée Ogygie qu’habite Calypso, fille d’Atlas. Quand à Hérodote, il parle d’une montagne qui s’appelle l’Atlas, qui est ronde, et dont ses habitants s’appellent les Atlantes. Elle se situerait au-delà des colonnes d’Hercule...

Donc pour moi la question reste ouverte. J’exclus toutes les hypothèses faisant l’impasse sur une partie du texte de Platon, j’ai par principe un très fort doute sur celle faisant intervenir « des petits hommes verts » mais je suis beaucoup moins fermé à l’hypothèse d’une civilisation avancée balayée par une apocalypse naturelle ou pourquoi pas guerrière… N’oubliez pas qu’en cas de catastrophe majeure touchant toute la planète, c’est pas le fait que vous, en tant que survivant, savez qu’on peut faire des avions, des panneaux solaires ou des centrales électriques qui va vous permettre d’en refaire. Et les contraintes de survie étant prioritaires, il ne faudra pas longtemps pour que votre savoir se transforme en mythe ou soit purement et simplement oublié…

Et je terminerai sur un argument souvent entendu : Si il y a eu une civilisation avancée qui a été détruite par un cataclysme, pourquoi on n’en retrouve rien alors qu’on retrouve des peintures des hommes préhistoriques ? Peut être tout simplement parce que ces gens, un peu comme nous, préféraint vivre dans des maisons confortables plutôt que dans des grottes. Et si demain un tsunami mondiale nous renvie à l’age de pierre, il restera quelle trace de nous dans 10 000 ans ? Peut être bien qu’il ne restera rien… Mais les hommes du futurs auront toutes les chances de retrouver les gravures et fresques des hommes préhistoriques ainsi que d’énormes monolithes de pierre taillées formant parfois des restes de constructions cyclopéennes, les seuls à pouvoir survire au temps...

Retour à la page des Mythes