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Les premiers habitants civilisés de la Provence sont les ligures qui sont attestés depuis les époques préhistoriques. Tous les témoignages confirment l’ancienneté de ce peuple européen antique et le fait qu’à l’origine ils n’étaient pas divisés en classes sociales et que les hommes ne dominaient pas les femmes. Ces deux propriétés caractéristiques de la vieille société ligure avaient déjà été remarquées des auteurs antiques.
D’après les renseignements que nous trouvons dans les auteurs grecs et latins, les Ligures portaient la barbe épaisse et la chevelure longue et ondoyante. Ils étaient bruns et de petite taille. En fait d’habits, ils avaient de préférence des toisons de brebis et des peaux d’animaux sauvages. Ils se nourrissaient de lait, de racines et de fruits ; le gibier et la viande de leurs animaux domestiques remplaçaient ce qui manquait à leurs récoltes, nécessairement peu abondantes dans les terres stériles et pierreuses du sud de l'Europe de l'Ouest. Ils se servaient de l’orge pour préparer une sorte de bière. Ils habitaient de misérables huttes construites en bois ou en pierres sèches ; le plus souvent, ils passaient la nuit dans des cavernes.
Les celtes sont originaires de l’Europe centrale. Leur culture est attestée vers 1200 avant J.-C., soit contemporaine de Mycènes ou de la guerre de Troie, avec le concept de l’oppidum (village construit sur une hauteur), l’utilisation de char de guerre et des épées en fer ainsi que l’exploitation des mines de sel. Ils vont s’imposer à la fin de l’âge du bronze en Gaulle, en Espagne et dans les îles britanniques.
Il faut savoir que les celtes n’étaient pas dans une optique de conquête racialiste mais culturaliste. Ils commerçaient, apportaient beaucoup de choses aux autochtones mais favorisaient ensuite ceux de ces derniers qui faisaient l’effort d’apprendre leur langue et d’adopter leurs coutumes. les Celtes se mêlèrent aux anciens habitants ligures de la future Provence pour former une population celto-ligure à laquelle ils fournirent les chefs et, si l’on peut dire, les cadres. Ils groupèrent les tribus en une vaste confédération, celle des Salyens qui eut sa capitale, Entremont (Zone actuelle d'Aix en Provence), et ses sanctuaires.
La fondation de Massalia, la future Marseille, remonte à 600 avant J.-C. Elle se fait par des phocéens (un peuple grec originaire d’Asie Mineure dont la capitale est Phocée). Selon Hérodote, les phocéens sont les premiers grecs à développer fortement le commerce maritime et ce sont les premiers à pousser au-delà de la Sicile. La légende veux que c’est une princesse ligure, Gyptis, qui décida de choisir un phocéen, Protis, comme mari, ce qui aurait conduit son père, le Roi des Ségobriges, à offrir le terrain de la future Massalia pour s’y établir. Cette légende semble indiquer un établissement pacifique des Grecs basé sur l’échange commercial.
Depuis Massalia, les phocéens fondent d’autres comptoirs comme Olbia (Hyères), Nikaïa (Nice) ou Antipolis (Antibes). Ceci est facilité par l’exode massif des phocéens qui quittent la Grèce après que leur territoire ait été envahi. Ils importent en Provence la culture de la vigne et de l'olivier.
Mais leur expansion commencent vite à faire de l’ombre aux deux grandes puissances maritimes de l'ouest méditérannéen, les carthaginois et les étrusques ! C’est la guerre des thalassocraties. Massalia se retire rapidement du conflit ne pouvant se mesurer ni aux uns ni aux autres. Mais cette guerre favorise la montée en puissance d’une nouvelle cité, Rome, qui va fonder sa puissance sur des troupes terrestres. Rome grignote rapidement les territoires étrusques (Italie du Nord actuelle), aidés sur mer par Massalia. Puis Rome affronte et bat Carthage. C’est donc tout naturellement que Massalia va appeller Rome à l’aide quand en -125 une alliance Ligure la mettra en position inconfortable, au niveau de ses domaines de Nikaia et d’Antipolis, au début du second siècle avant JC.
Les Romains s’empressent de répondre favorablement à la demande d’Aide de Massalia et ils arrivent en force, décidés à agir, cette fois pour leur propre compte. Ils venaient en effet d’achever la pacification de l’Espagne et il leur importait d’assurer la liaison par terre des Alpes aux Pyrénées. La lutte fut dure et longue (125-121). Pour bien montrer qu’ils étaient résolus à ne pas quitter le pays, Sextius Calvinus fonda, en 122, au pied d’Entremont (Ancienne Capitale ligure rasé pour l’occasion), Aquae Sextiae Salluviorum (Actuelle Aix en Provence), « la ville qui porte à la fois son nom et celui d’eaux thermales » et il « y établit une garnison », nous rapporte Strabon.
Peu après, le consul Domitius Ahenobarbus commença au-delà du Rhône la construction de la voie dite Domitia en direction des Pyrénées. Les Romains fondent Narbonne qui devient la capitale de cette nouvelle région allant les Alpes aux Pyrénées, la Narbonnaise. Massalia va demeurer longtemps une force indépendante au sein de l’Empire romain mais la guerre civile lui sera fatale. Massalia avait entretenu d’excellentes relations avec Pompée et avec César et n’avait eu qu’à s’en louer. Mais lorsque la rupture se produisit entre les deux chefs, il fallut choisir. Fidèle à sa politique conservatrice et légaliste, elle se prononça pour Pompée. Obligé d’aller combattre les Pompéiens en Espagne et ne voulant pas laisser derrière lui le danger d’une cité hostile, il assiégea la ville au printemps de 49. Après deux batailles navales, Marseille, menacée de famine, dut capituler : elle conserva son gouvernement et sa situation particulière de ville fédérée ; mais elle perdit ses vaisseaux, ses remparts, ses territoires, à l’exception de Nice et des îles d’Hyères. Dans les siècles qui suivent toute la région est romaine.
En 411, Rome tombe et la Narbonnaise conquise par les Goths se retrouve coupée en deux à la hauteur du Rhône. La partie Ouest va au Royaume des Wisigoths (Présents en Espagne) et devient la Septimanie. La partie Est va à celui des Ostrogoths (Présents en Italie et dans les Balkans) et devient la Provence. L’aristocratie gallo-romaine maintient dans les villes de Provence les traditions d’une culture antique christianisée.
La domination des Ostrogoths prend fin en 536. La Provence est alors intégrée à une Gaule désormais réunie sous l’autorité des Francs, authorité toute relative dans un premier temps car pratiquée à distance, ce qui conduit rapidement à des raids et des pillages de pirates divers et variés. Maîtres de toute la péninsule Ibérique depuis 714, les Musulmans ne tardèrent guère à franchir les Pyrénées pour prendre la Septimanie. Dès 721, ils font des incursions en Provence et s’aventurent aussi vers le Nord, suscitant alors une vigoureuse contre-offensive des Francs. La victoire de Charles Martel (732) contraint les Arabes à se replier en Narbonnaise. Les Provençaux, et à leur tête le patrice Mauronte, se tournent alors vers les Musulmans de Narbonne pour se sortir de la domination franque. Charles Martel conduit plusieurs campagnes en Provence (736-739), réprimant rudement cette rébellion. Cette Provence pacifiée et intégrée de force à l’Empire carolingien échappe par la suite très largement à notre connaissance.
A la mort de Charlemagne, son vaste empire est divisé entre ses trois petits enfants par le traité de Verdun. Si deux d’entre eux vont s’employer à garder une forte domination qui donnera le Royaume Français à l’Ouest et le Royaume Germanique à l’Est, le territoire central revient à Lothaire qui va se montrer bien moins directif, surtout avec ses terres du sud, Provence et Nord de la future Italie (ce qui explique le caractère plus « autonomistes » des grandes cités de ces régions !). A la mort de Lothaire (855), la Provence devient officiellement un royaume indépendant qui échoit au fils cadet de Lothaire, Charles.
En 883, une petite troupe de Sarrasins s’enfonce dans le massif boisé qui domine le golfe de Saint-Tropez pour y construire un fort. De ce repaire, ils lancent des raids sur la Basse-Provence. Progressivement, le rayon d’action des pillards s’étend à la Haute-Provence puis à l’ensemble des Alpes. Ils saccagent les monastères et barrent les routes.
50 ans plus tard, en 933, les sarrasins sont toujours là. Ce qui n’était qu’une « plaie provençale » devient une « gène internationale ». Il faudra susciter une sorte de croisade pour en finir. Guillaume d'Arles et son frère Roubaud, aidés d’Ardouin, marquis de Turin, viennent enfin à bout des Sarrasins du Freinet (974). Ce succès assoit la position de Guillaume et Roubaud. La Provence devient dès lors une principauté indépendante et Guillaume Prince de Provence. Aux environs de l’an mille, une vingtaine de grandes familles de l’entourage de Guillaume (vicomtes de Marseille, Baux, Fos, Agoult, Châteaurenard, Pontevès, Castellane, etc.) sont parvenues à accaparer de larges portions de l’ancien domaine public et à mettre la main sur une bonne part des terres de l’Église. Mais tous ces gens puissants ne vont pas tarder à se trahir les uns les autres dans un jeu d'alliances et de coups tordus. La Provence plonge alors dans l’insécurité et le désordre.
Vers 1110, Gerbert de Gévaudan, Prince de Provence, meurt assassiné par l’un des membres de la vieille aristocratie qu’il combattait à l’instar de ses prédécesseurs. Aucun garçon n’est né de son union avec sa femme Gerberge, qui cherche l’appui d’une dynastie forte, capable de restaurer l’ordre dans une principauté où la guerre privée conteste le respect de la hierarchie depuis plusieurs décennies. Le choix de la veuve se porte sur la prestigieuse maison de Barcelone qui étend déjà à l’époque son influence en deçà des Pyrénées jusqu’au pays de Carcassonne.
En 1112, elle accorde la main de Dolça, sa fille et héritière, à Raimond Bérenger III, comte de Barcelone (1096-1131). Devenu comte de Provence sur le plan théorique, le Catalan n’en rencontre pas moins des difficultés dans l’exercice concret de ses nouvelles fonctions. Les sires provençaux, hostiles à tout renforcement du pouvoir princier qui diminuerait inéluctablement leurs moyens d’action, tentent sans grand succès de s’opposer à l’avènement de Raimond Bérenger. Les couleurs de la Catalogne, Gueule (Rouge)) et Or (Jaune), rentrent en Provence mais pour éviter toute confusion on change le sens des Lignes qui sont horizontales (fasce) pour la Catalogne et verticales (pal) pour la Provence. C’est la Durance qui sert alors de frontière Nord.
La période est marquée par une forte animosité avec le comté de Toulouse qui a lui aussi des prétentions sur la Provence. Raimond-Bérenger IV de Provence parviendra à se débarrasser définitivement de son rival le comte de Toulouse, également marquis de Provence en n'hésitant pas à soutenir la croisade albigeoise du Roi de France Louis VIII contre les Cathares en 1226. Il fait bâtir en 1231 la ville de Barcelonnette, ainsi nommée en l'honneur de ses origines catalanes.
Raimond-Bérenger IV est le dernier membre de la famille des comtes de Barcelone à avoir régné en Provence. Il meurt le 19 août 1245. En vertu du principe de l’exclusion des filles dotées, le comté revient à sa quatrième et dernière fille, Béatrix. Un projet de mariage est organisé par la reine Blanche de Castille, soutenu par le pape Innocent IV, avec Charles, frère du roi de France, Louis IX (Saint Louis). Le mariage se déroule le 31 janvier 1246 à Aix. Charles 1er d’Anjou est déjà Roi de Naples et de Sicile, Beatix lui apporte la Provence. C’est un nouveau succès de la politique méridionale des Capétiens après le traité de Paris qui, par le mariage d’Alphonse de Poitiers avec l’héritière de Raimond VII, assurait au frère de Charles d’Anjou la possession du comté de Toulouse.
Dès le début de son gouvernement, Charles doit faire face à un important parti anti-français. Les grandes villes, comme Arles, Avignon et Marseille, en plein essor économique, sont quasiment indépendantes, et cherchent à conserver leur autonomie. Charles accepte l'invitation de son frère Louis IX à la septième croisade, malgré la situation explosive du comté de Provence. Il revient en Provence en avril 1251 et met fin énergiquement à ces révoltes, soumet Arles, puis Avignon, et assiège la ville de Marseille dont il obtient la soumission en juillet 1252. Charles abolit les taxes locales, encourage la construction navale et le commerce des céréales. Il instaure dans son comté le monopole du sel, aussi appelé « gabelle » (Toulon / Berre / Hyères). À la fin des années 1250, le commerce du sel constitue près de 50% des revenus du comté.
En 1259, il soumet le comté de Vintimille puis s'ingère dans les affaires italiennes, et s'empare de plusieurs villes d'Italie, où il installe des garnisons provençales. Il voit un temps ses ambitions arrêtées à l'est par le marquis de Gênes mais finit par compter sur presque toutes les régions d’Italie avant de buter sur les vêpres siciliennes (Guerre entre les angevins de Naples et les aragonais de Sicile qui fait exploser le royaume des deux Sicile).
Son fils, Charles II fait entreprendre des fouilles sous l'église de Saint-Maximin, qui permettent la découverte du tombeau de Marie-Madeleine en 1279. À la suite de cela, il décide d'ériger la ville en cité royale et fait construire une basilique en l'honneur de la patronne de Provence, qui demeure aujourd'hui un exceptionnel ensemble architectural gothique en Provence.
En 1305, le nouveau Pape, le Français Clément V renonce à s’installer à Rome jugé trop dangereuse à cause de la guerre entre les forces papales et le Saint Empire Germanique en Italie Centrale et du Nord. Il choisit en définitive de se faire couronner à Lyon. En 1307 pour se concilier les bonnes grâces de Philippe le Bel, il laisse faire l’accusation des Templiers. Il décide de se fixer dans la ville d'Avignon, possession du comte de Provence (roi de Naples et à ce titre vassal du Saint-siège).
Ses successeurs gèrent tranquillement la Provence comme un bien annexe, leur attention étant nettement plus porté sur Naples. C'est ainsi qu'en 1343, la Provence appartient à Jeanne, la petite fille de Charles II qui fait face à de nombreux conflit familiaux pour le contrôle de Naples. En 1348 elle doit quitter Naples pour se réfugier en Provence. Pour financer son retour à Naples, elle vend alors au pape Clément VI, 4ème Pape d’Avignon, la ville d’Avignon.
En 1378 débute le Grand schisme (1378-1417), l'une des plus grandes fractures de la chrétienté de l'Occident médiéval. Deux papes furent élus : Bartolomeo Prignano archevêque de Bari qui prit le nom d'Urbain VI et Robert, cardinal de Genève qui devint Clément VII. Le premier résida à Rome, le second à Avignon.
Urbain VI encouragea les ennemis de Jeanne : le roi de Hongrie, le duc d'Andria François des Baux, et Charles III de Duras. Se trouvant dans une situation critique, Jeanne fit appel à Clément VII. Ce dernier lui conseille d'avoir recours à Louis d'Anjou qu’elle va adopter (elle n’a plus d’enfants vivants) 29 juin 1380. En juillet 1381, Naples est assiégé et la Reine capturée. Louis d'Anjou partit d'Avignon à la tête d'une puissante armée après avoir perdu beaucoup de temps. Mais celle qu'il venait secourir était déjà morte assassinée.
Ainsi se terminait de façon tragique la première maison d'Anjou-Provence-Sicile (Naples), d'autant plus que Louis Ier d'Anjou mourut à Bari dès le 21 septembre 1384 sans avoir pu terminer la reprise du royaume de Naples. Sa mort ouvrit une guerre de succession en Provence (1382-1386), dite guerre de l'Union d'Aix entre les partisans de Charles III de Duras (1345-1386) et ceux de Louis II d'Anjou (1377-1417) ; elle eut pour conséquences l'installation de la deuxième maison d'Anjou-Provence-Naples sur le comté de Provence (Louis II et ses fils Louis III (1403-1434) et René (1409-1480).
René d’Anjou, dit le Bon Roi René va faire beaucoup de chose pour la région d’Angers et celle de Provence. Il fait aménager, en Anjou et en Provence, des lieux de promenades et des jardins fleuris où vivent des paons ainsi que des enclos pour biches et des ménageries où le peuple peut venir découvrir des lions et des léopards. Il s'intéresse également à l'entretien des forêts et à la bonne santé des vignobles. Il aime la fête, la musique, et les tournois. Amoureux des arts, le roi René est un des mécènes les plus importants, les plus curieux et les plus originaux de la fin du Moyen Âge.
René Ier meurt à Aix-en-Provence le 10 juillet 1480. La succession oppose son neveu Charles III au beau frère de ce dernier, René II de Lorraine. Louis XI trancha en sa faveur sur le principe de la succession par les mâles, ce qui lui permet de s'ingérer toujours plus dans les affaires de la Provence. Le 10 décembre 1481, le comte Charles III, malade depuis plus d'un mois, dicte un testament qui institue le roi de France, Louis XI, comme légataire universel. Charles III meurt le lendemain, 11 décembre et la Provence devient française.
Ces années 80, décisives pour le sort politique du pays, sont une période sombre de son histoire : partout la disette menace, la peste revient en force, les tensions sociales s’avivent. Cependant les rois suddédant à Louis XI, à savoir Charles VIII, Louis XII et François Ier, engagent la France dans les guerres d’Italie, et dece fait, la Provence, façade française sur la Méditerranée, devient une possession vitale pour la France. La contrepartie, c’est que la Provence devient champ de bataille face à la puissance impériale de Charles Quint (En 1524, l'armée de Charles Quint soumet Aix et Toulon avant d'échouer à prendre Marseille. En 1536, nouvelle invasion et nouvel échec devant les murs de Marseille. 1542 sera la troisième et dernière guerre de ce type, plutôt maritime cette fois. On y voit les habitants de Toulon obligés de céder leurs maisons aus marins turcs, alliés du Roi, pour l'hivernage de leur flotte).
Marseille est la grande gagnante de cette période. Louis XII décide d’y implanter un arsenal. Bien vite armateurs, marins et corsaires participent à l’aventure mais dès 1626, le Cardinal de Richelieu, tout en faisant améliorer les fortifications de Marseille, donne l'ordre de faire de Toulon un véritable port de Guerre pour en finir avec la piraterie barbaresque et la menace espagnole. Louis XIV poursuit cette politique très favorables au deux grands ports du Sud-Est, envoyant Vauban à Toulon pour y concevoir un réseau défensif de premier ordre (1680-1704).
Au seuil du 18ème siècle provençal se déclare la peste de Marseille (mai 1720-mai 1722). On ne l’avait plus connue depuis les épidémies de 1580 et de 1630. Cette nouvelle contamination est liée au commerce du Levant. Venant de Syrie avec une cargaison d’étoffes précieuses, le Grand-Saint-Antoine avait la peste à bord, mais l’appât du profit fait qu’on désobéit aux prescriptions de la quarantaine, et, par les marchandises vendues, la maladie atteint la ville. En septembre, les rues de Marseille sont encombrées de cadavres et de mourants, en dépit de tous les palliatifs, exode des uns à la campagne, claustration des autres dans leurs maisons, fumigations, implorations religieuses. Les autorités font face avec courage pour organiser les secours et d’abord déblayer les cadavres. Langeron, commandant des galères, mobilise pour cette sinistre corvée les forçats de la ville (qui dit galères, en effet, dit bagne) et ceux-ci y périssent presque tous. Mgr de Belsunce, l’évêque, multiplie les cérémonies d’appel et d’expiation, et donne l’exemple de la charité. Près de 40 000 morts ! Et à peu près autant dans le reste du pays, surtout dans les villes, Aix, Arles, Toulon, où la masse moindre des agglomérations avait seulement rendu le drame moins spectaculaire. C’était la dernière peste de notre histoire.
La Provence accueille favorablement la révolution. Le climat social est tendu après l'hiver très rude de 1788-89. Les privilèges des nobles sont mal perçus par la population. Les villes s'agitent, manifestent et les campagnes suivent le mouvement. Chaque ville connaît cependant des affrontements entre les « blancs », royalistes et les « Rouges », révolutionnaires.
Marseille est à la pointe de la révolution au point que des volontaires marseillais forment une armée qui monte sur Paris. Ils se font brillamment remarquer sur Paris, au point que leur chant de guerre, "Allons enfants" devient le nouvel hymne national.
En 1790 l'assemblée constituante crée les départements des Bouches du Rhône, du Var (qui s’étend jusqu’à la rivière de ce nom, laquelle est une frontière puisqu’elle sépare la France du conté de Nice) et des Basses Alpes. Avignon et sa région (le Comtat, une terre qui appartient à la Papauté) sont réunis à la France en 1791 à la demande de la population (Futur département de Vaucluse).
L’orage éclate au début de l’été 1793. En juin, Draguignan, puis Barjols, Fréjus, Brignoles, Saint-Maximin rejettent l’autorité de la Convention. En effet avec Robespierre la révolution est devenue Jacobine, c’est à dire centralisée sur Paris. L’Armée jacobine attaque la Provence (Aix tombe puis Marseille avec une sanglante répression). Mais lorsqu’elle se présente aux portes de Toulon le 29 août, l’amiral Trogoff ordonne de laisser entrer l’escadre anglaise de Hood qui croisait au large.
Le siège de Toulon va durer trois mois et demi (à cause du fait que le dirigeant de l’armée révolutionnaire, le général Carteaux, refuse d’écouter les conseils stratégiques d’un « petit jeune » imposé par Paris, un certain Napoléon Bonaparte). Carteaux fini par céder et accepter le plan de Bonaparte. Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1793, les troupes révolutionnaires menent une double attaque, l’une sur le Faron, l’autre sur la presqu’île de Balaguier. Bien placée par Bonaparte, l’artillerie est très vite en mesure de battre toute la petite rade. En hâte, les 17 et 18 décembre, les navires anglais lèvent l’ancre, emmenant, dans un désordre indescriptible, des français, 7 000 peut-être, qui redoutent des représailles. Avant de partir les anglais incendient l’arsenal et neuf vaisseaux.
Le 19, à quatre heures du matin, une avant-garde entre dans la ville. Les exécutions ne commencent que le lendemain. Tout d’abord, on fusille sur le Champs-de-Mars, sur simple dénonciation. Par la suite, on guillotine, après jugement par un tribunal d’exception. Un millier de personnes auraient ainsi péri. La convention exulte. La commune s’appellera désormais Port-la-Montagne. On décide à Paris que les maisons seront rasées. « Il n’y sera conservé que les établissements nécessaires au service de la guerre et de la marine ». Le représentant en mission, Freron, se met à l’œuvre et il réquisitionne douze mille maçons des départements voisins. Heureusement, le bon sens l’empêche d’aller plus loin. Toulon redeviendra Toulon après le 9 thermidor (Chute de Robespierre et fin du jacobinisme).
S’ensuit la terreur Blanche, pendant laquelle un étrange mélange d’anciens révolutionnaires Fédéralistes (opposés aux Jacobins parisiens), de Royalistes, d’opportunistes et de simples bandits s’en prennent aux intérêts de ceux qui ont été trop proches des jacobins.
Les provençaux n’oublieront jamais le rôle de Napoléon dans la prise de Toulon en 1793 et se montrent assez tièdes vis à vis de l'Empire. Les guerres de l’Empire coûtent la vie à cinq mille jeunes varois au moins. A Toulon, huit mille soldats et marins meurent de maladie ou des suites de leurs blessures. En 1812, à Toulon, éclate un complot contre l’Empereur. Toutefois les désertions ne prennent de réelle ampleur qu’en 1814. Avec elles le brigandage renaît. Il est vrai que la situation économique est mauvaise et qu’un dixième de la population se trouve dans un état voisin de la misère.
Après Waterloo, Napoléon n’est pas regretté et la restauration étant plutôt bien accueillie dans la région. On ne saute pas de joie à l’annonce du retour de l’île d’Elbe, Napoléon préfère d’ailleurs passer par les Alpes (Route Napoléon) que se risquer dans la vallée du Rhône.
Une évolution se produit lentement. Les idées républicaines pénètrent dans la bourgeoisie et en 1848 elles ont conquis une assez grande partie du peuple. Cependant, des militaires sont toujours bonapartistes, des catholiques toujours légitimistes.
Durant la première moitié du XIXe siècle, la situation économique s’améliore. Le travail de la terre fournit toujours l’essentiel des ressources et la production de blé, d’olives, de vin, s’élève à des niveaux jamais atteints. On commence a utiliser le liège (1 200 personnes employées en 1848), a fabriquer de la soude. Toutes les activités artisanales traditionnelles prennent de l’extension et plus encore la construction navale à la Seyne (450 ouvriers en 1848). La population de l’ensemble du Département augmente. Toutefois le Haut-Var commence à se dépeupler et, partout, le nombre de décès l’emporte sur celui des naissances. Ce sont donc des émigrants, Bas-Alpins surtout, qui comblent, et au-delà, le déficit.
Après 1850, la population continue de diminuer, malgré l’arrivée d’étrangers, d’Italiens surtout. Le taux de natalité est faible (22%), le taux de mortalité élevé (25%). En 1852 Napoléon III fait son coup d’état via un plébiscite. Il y aura alors de nombreuses séditions en Provence qui seront réprimées. Le choléra sévit en 1854, 1855, 1865, en particulier dans la région de Toulon. La voie ferrée parvient à Toulon en 1859, à Fréjus en 1862, à Nice en 1864, à Draguignan la même année.
En exécution du traité de Turin conclu avec le roi de Sardaigne le 24 mars 1860 et qui décide la réunion à la France de la Savoie et du Conté de Nice. La loi du 23 juin suivant dispose que « le territoire de Nice et l‘arrondissement de Grasse, distrait du département du Var, composent le nouveau Département des Alpes-Maritimes ».
En 1870, les provençaux sont bien contents de la chute de Napoléon III et de la fin du Second Empire mais se méfient de la jeune République suspectée de manœuvres secrètes. Le mouvement de la Commune va concrétiser ces doutes et ces tensions au sein de la Révolution elle même. Cette commune très connue sur Paris a existé ailleurs et notamment à Marseille. Il s’agit d’un affrontement entre la Révolution bourgeoise qui a provoqué la chute de la Noblesse et la partie la plus populaire qui a le sentiment d’avoir été utilisée et de passer des mains d’un groupe de profiteurs à un autre. Mais fin 1871 s’en est finit de la commune massacrée par la République. La Bourgeoise va pouvoir régner.
La France d'outre-mer (ou ultramarine) comprend les territoires de la République française située hors du continent européen. Issus des anciens empires coloniaux français, ces territoires sont situés en Amérique, Océanie, dans l'océan Indien et en Antarctique. Ils recouvrent des réalités culturelles et politiques très variées et sont soumis à des régimes administratifs et juridiques très différents. On parle encore souvent de DOM-TOM (départements d'outre-mer et territoires d'outre-mer) mais le terme est dépassé depuis la révision de la constitution de 2003. On a aujourd'hui affaire à des DROM (départements et régions d'outre-mer) et à des COM (Collectivités d'outre-mer).
La France d'outre-mer se caractérise par son insularité, à l'exception de la Guyane (Mais cette dernière est toutefois isolée du reste de l'Amérique du Sud par son enclavement entre océan Atlantique et Amazonie). À l'exception des Terres australes et antarctiques et de Saint-Pierre-et-Miquelon, situés en zone de climat froid, les territoires d'outre-mer sont situés dans des zones climatiques tropicales ou équatoriales et sont soumis à des risques naturels qui peuvent être importants (cyclones, tremblements de terre, volcanisme).
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale (au cours de laquelle le contrôle des possessions françaises d'outre-mer joue un rôle important), le statut de l'empire colonial français évolue. La loi de départementalisation de mars 1946 fait de l'Algérie, la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane des départements français dans lesquels s'appliquent les lois et décrets déjà en vigueur en France métropolitaine. Les colonies qui ne sont pas devenues des départements deviennent des territoires d'outre-mer qui font partie, avec la métropole et les départements d'outre-mer, de la République française alors que les protectorats deviennent des États autonomes associés (dont plusieurs prennent ensuite leur indépendance).
À la mise en place de la Constitution de la cinquième république (Octobre 1958), l'article 76 offre le choix à chaque TOM de devenir département d'outre-mer, de rester territoire d'outre-mer ou bien de quitter la République Française en devenant État Autonome membre de la Communauté. La plupart des territoires deviennent États membres de la Communauté avant de devenir finalement indépendants dans les années 1960. Certains choisissent de conserver le statut de territoire d'outre-mer : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, les Terres australes et antarctiques françaises, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Côte française des Somalis et les Comores (À la suite d'un référendum, les Comores deviennent indépendantes en 1975 à l'exception de Mayotte, qui vote pour rester française. La Côte des Somalis devient indépendante en 1977).
La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 abolit la notion de territoire d'outre-mer et crée deux catégories juridiques pour la France d'outre-mer (ainsi qu'un statut spécifique pour la Nouvelle-Calédonie) :
a) Les départements et régions d'outre-mer (DROM) qui seront régis par l'article 73 de la Constitution prévoyant que « les lois et règlements de la métropole sont applicables de plein droit » mais que des adaptations sont possibles en raison des « caractéristiques et contraintes particulières » de ces territoires.
b) Les collectivités d'outre-mer (COM) qui seront régies par l'article 74 de la Constitution prévoyant que le statut de chaque COM est fixé par une loi organique qui prévoit notamment « les conditions dans lesquelles les lois et règlements y sont applicables ».
La Réunion est une île volcanique (Le piton de la Fournaise est un des volcans les plus actifs du monde) située dans l'ouest de l'océan Indien, à l'est de Madagascar (Hémisphère Sud). C'est tout d'abord une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes dont le nom est « île Bourbon ». À partir des années 1710, elle constitue une véritable colonie pratiquant la culture du café avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848, remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
La Guadeloupe et la Martinique sont des territoires situés dans l'archipel des Caraïbes (ou Antilles), entre le tropique du Cancer et l'équateur. A l'arrivée des Espagnols, ces iles étaient peuplées par les Caraïbes, peuple amérindien. Les françaients débarquent en 1635 et prennent possession au nom du Roi Louis XIII dans le but d'y développer notamment la culture du tabac pour l'exporter vers la France.
La Guyane est la zone française d'outre-mer habitée de nature continentale. Elle se situe au Nord Est de l'Amériqsue du Sud. Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643 et la fondation de Cayenne. Pendant la Révolution elle devient pour la première fois un lieu de déportation politique mais les fameux "bagnes" datent du Second Empire (Ils vont acceuillir des delinquants de droit commun et des opposants politiques jusqu'en 1946).
Au plan géographique, Mayotte est un ensemble d'îles situé à l'est de l'archipel des Comores, au nord du canal du Mozambique, et donc entre l'extreme nord de Madagascar et la côte africaine. Le 25 avril 1841, sous le règne de Louis-Philippe Ier, le dernier sultan de Mayotte Andriantsoly, menacé par les royaumes voisins, vend son île au royaume de France en échange de sa protection. En 1886, la France établit un protectorat sur le reste de l'archipel des Comores. En 1974, la France organise, sur l'ensemble de l'archipel des Comores, un référendum pour décider d'une éventuelle indépendance. Seul Moyotte refuse l'indépendance.
Située en plein milieu de l'océan Pacifique Sud, à environ 6 500 km à l'est de l'Australie et àune distance équivalente à l'ouest de la côte du Chili, la Polynésie française est composée de cinq archipels regroupant 118 îles dont 76 sont habitées (Tahiti, Tuamotu, Marquises...). La France y impose progressivement son protectorat, à compter de 1842, contrant ainsi l'influence britannique. Il faudra attendre 1946 pour que les autochtones polynésiens accèdent au droit de vote, et 1957 pour qu'ils bénéficient d'un premier gouvernement local. La Polynésie française bénéficie d'une large autonomie par rapport au gouvernement métropolitain.
La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d'îles et d'archipels français d'Océanie, situé en mer de Corail, à environ 1200 kilomètres de la côte Est de l'Australie. La Nouvelle-Calédonie relève de la souveraineté française depuis 1853. Son statut institutionnel actuel lui reconnaît un degré fort d'autonomie et le droit à l'autodétermination. Il y a eu déjà trois référendum portant sur la volonté à être indépendant (2018, 2020 et 2021) et le "non" l'a remporté à chaque fois (le troisième référendum a cependant été boycotté par les indépendantistes...).
Saint-Martin est un territoire français dans la partie nord de l’île de Saint-Martin, dans les Antilles ( L'ile de Saint Barthélémy se situe 25 km au Sud Est).
- La partie sud de l’île de Saint-Martin, appelée Sint Maarten en néerlandais, forme depuis le 10 octobre 2010 un des quatre États du royaume des Pays-Bas. Jusqu'en 1980, la partie française de l'île était peu peuplée et était caractérisée par une forte émigration vers la Guadeloupe, La République dominicaine et les Antilles néerlandaises. La population de la partie française a connu une très forte croissance à la faveur du développement du tourisme consécutif à la loi de défiscalisation DOM-TOM de 1985.
- Saint-Barthélemy est une destination touristique en particulier pour le tourisme haut-de-gamme (Pour éviter le tourisme de masse, la population a opté dans les années 1960-1970 pour une approche favorisant le tourisme des plus fortunés). Christophe Colomb aborde l'île lors de son deuxième voyage (1493).
Les îles Wallis et Futuna sont situées dans le Pacifique Sud, entre la Nouvelle calédonie, 2000 km à l'Ouest, et la Polynésie française 2900 Km à l'Est. C'est un des territoires français les plus éloignés de la France métropolitaine, à 16 000 km. Louis-Antoine de Bougainville atteint Futuna le 11 mai 1768 et la surnomme l'enfant perdu du Pacifique. Administrée par la France dans le cadre d'un protectorat français à partir de 1888, la population locale choisit de faire des îles un territoire d'outre-mer en 1959 à la suite d'un référendum.
Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel français situé dans l'océan Atlantique, au sud de l'île canadienne de Terre-Neuve. Seul térritoire français en Amérique du Nord, c'est le dernier vestige de la Nouvelle-France, perdue lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763), première guerre véritablement mondiale. Jacques Cartier reconnaît et nomme l'île de Saint-Pierre lors de son deuxième voyage en 1536. Ces îles servent de base aux pêcheurs normands, bretons et basques au 16ème siècle et l'on date de 1604 les premières installations permanentes de ces derniers qui y pratiquent la chasse baleinière. Bien que situées à la même latitude que la Vendée, l'archipel a un climat beaucoup plus froid que les côtes atlantiques métropolitaines (il est rare de voir des températures inférieures à −10 °C l'hiver, la moyenne hivernale n'étant que de −2 °C mais avec de fréquentes chutes de neige. La température moyenne en août est seulement de 16 °C, avec certains jours un brouillard très dense pendant juin et juillet).
Ce territoire comprend actuellement cinq districts très différents : l'archipel Crozet, les îles Kerguelen, les îles Éparses de l'océan Indien, les îles Saint-Paul et Amsterdam et la terre Adélie. Ces territoires sont très isolés, ils se situent très au sud, à mi chemin entre la pointe sud de l'Afrique et la pointe Sud-Ouest de l'Australie ( A l'exception des Iles Eparses qui sont en réalité de petits atolls inhabités situé vers Madagascar). En dehors de quelques brèves tentatives de colonisation, aucune portion du territoire n'a eu de population permanente, ni indigène, ni civile française, mais une présence humaine continue (logistique, scientifique ou militaire) y est assurée grâce à du personnel relevé régulièrement.
Le Carnaval de Venise semble être apparu à la fin du 11ᵉ siècle. Mais il ne faut surtout pas imaginer que c’est un évènement constant qui a traversé les siècles, c’est même tout le contraire. Aux origines du carnaval se trouve la volonté d’unir les habitants autour de la célébration de la puissance de la ville. En 1094, le doge Vitale Falier reconnut à la population vénitienne le droit de célébrer le carnaval dans les jours précédant le carême. L’année 1094 fut aussi celle où la basilique Saint-Marc fut solennellement consacrée. L’ancienne bourgade de pêcheurs et d’artisans était devenue le siège d’une véritable puissance maritime.
L’habitude de se masquer commença à se répandre après la conquête du Levant en 1204. En 1268, une loi interdit aux personnes en masque de lancer des œufs depuis les fenêtres, plaisanterie carnavalesque traditionnelle. Il est compliqué de déterminer avec exactitude le moment où les masques s’imposèrent à Venise. La pratique de la dissimulation du visage était néanmoins suffisamment répandue au début du XVᵉ siècle pour justifier la création d’une profession spécifique des fabricants de masques, ou mascareri.
Très tôt le plaisir charnel est lié au Carnaval de Venise. Le décret du 22 février 1339 interdit aux prostituées de se rendre en masque au défilé des barques, sous peine de six mois de prison, et demande aux personnes masquées de ne pas se promener de nuit dans la ville. Le 24 janvier 1458, une autre loi interdit aux hommes de se déguiser en femmes pour se rendre dans les monastères féminins.
A partir de 1550, la gestion de la fête fut confiée par le Conseil des Dix aux officiers des Rason Vecchie qui vont transformer le Carnaval en un véritable spectacle. Le modèle qui fut dès lors fixé pour la fête du Jeudi gras resta inchangé jusqu’à la fin de la République. Il comprenait le passage des représentants des arts avec les étendards, le « jeu des forces » entre Nicolotti et Castellani, la danse dite de la moresca, le vol du Turc qui tirait son nom de ce qu’un Turc fut, semble-t-il, le premier à accomplir cette acrobatie, enfin des feux d’artifice. La commedia dell’arte et ses masques devinrent après 1550 partie prenante du carnaval.
L’apogée de ce carnaval baroque se situa au XVIIème siècle. Le carnaval s’étale officiellement de Noël à carême, soit deux mois. Son aspect le plus visible reposait sur la richesse des costumes et des apparats scéniques. Mais dans l’ombre du carnaval baroque se profilaient les désordres populaires que le gouvernement chercha sans cesse à contrôler, les fêtes privées et les débordements de la prostitution et du jeu.
A cette époque il existait quatre catégories de costumes à côté de ceux qui étaient propres aux nobles :
1) Les premiers s’inspiraient des personnages de la commedia dell’arte ( Arlequin, Pantalon, Scaramouche, Tartaglia, Pierrot, Colombine, et Polichinelle…)
2) La deuxième sorte de déguisement consistait à déformer de façon burlesque : allongement du menton, bosse sur le dos, langage bourré de fautes, énormités proférées d’une voix nasillarde...
3) Un troisième groupe se fondait sur l’idée du changement d’état. Ce changement pouvait être physique (l’homme devenait animal, des messieurs se transformaient en femmes et des femmes se mettaient une barbe) ou social (On imitait les membres d’une profession, des riches se déguisaient en servante ou en mendiant...)
4) Une dernière catégorie était constituée par les déguisements exotiques. Ceux-ci étaient souvent orientaux, renvoyant aux sultans, princesses de Chine, derviches, Persans ou Turcs mais on empruntait quelquefois à la mythologie avec ses nymphes et satyres ou encore aux costumes de pays voisins.
Le terrain religieux restait le seul où, en théorie, le masque était pourchassé avec fermeté, créant entre l’espace sacré et le monde de la fête profane une césure à laquelle, en apparence au moins, tous étaient attachés.
Vers 1700 il y a tellement de fêtes en dehors de la période de carnaval, pour la venue de princes étrangers par exemple, qu’il devient difficile de différencier le carnaval du reste de l’année. Le masque blanc y constituait un vêtement quasi officiel, car l’anonymat qu’il procure est utile à beaucoup dans de nombreuses situations. L’image mythique de Venise qui se développa dans l’abondante littérature des voyageurs résulte de cet état de fait.
Aux dires des Vénitiens et encore plus des étrangers, le carnaval perdit beaucoup de son agrément et de son éclat dans la première moitié du XIXe siècle. L’un des premiers soucis de la Révolution française en matière de fête avait été de supprimer le port des masques. Dès le 30 janvier 1790, la municipalité de Paris les interdit pour le Mardi gras et des avis furent pris au cours des années suivantes contre le port de certains masques dans les théâtres et dans les bals. Des interdits de même nature intervinrent à Milan en 1802. L’entreprise était plus ardue à Venise du fait de la riche tradition que possédait la ville en cette matière. La pratique du carnaval n’en subit pas moins d’importants coups de butoir durant les six mois de la Municipalité vénitienne puis lors de la première domination des Autrichiens (1797-1805), de l’ère napoléonienne (1805-1814) et jusqu’à la fin de la nouvelle domination autrichienne en 1866.
Les Vénitiens tentèrent bel et bien de faire renaître le carnaval après 1866. Entre le 24 février et le 5 mars 1867, quatre mois après l’union de la ville à l’Italie le 19 octobre 1866, Venise retrouva les plaisirs d’un carnaval qui parut unir toutes les classes sociales en présence de Garibaldi et du prince Amédée de Savoie, duc d’Aoste, fils du nouveau roi d’Italie. Les fêtes antérieurement canalisées au profit des autorités et des souverains reçus à Venise convergèrent vers les dix jours d’un temps de carnaval que la ville était seule à prendre en charge grâce à un Comité promoteur, la « Società del Carnevale ». À un moment où Venise se transformait en une destination touristique majeure, le comité constatait que le carnaval pouvait amener des étrangers et de l’argent : « Nous partons du principe que le Carnaval attirera des étrangers (forestieri) et que les étrangers apportent de l’argent » (Il Corriere di Venezia, 10 janvier 1867). Mais l’encadrement trop strict et le manque de liberté populaire vont conduire le carnaval a devenir de moins en mois présent…
En février 1980 resurgis un carnaval assoupi dont le désir de toute évidence sommeillait en attendant de réapparaître. Canalisé par la Biennale en la personne de Maurizio Scaparro, il traduisit peut-être un besoin de retour de l’utopie après les années d’expansion économique que l’on a appelées les « trente glorieuses ». Ce fut un succès, 150 000 masques déferlant dans la ville. Les Arlequins côtoyaient les étrangers amoureux de Venise, les masques en tissu et polyester reprenaient leurs droits à côté du voile pour les femmes dont personne ne s’offusquait, de la bautta et du tricorne tout droit sortis du XVIIIe siècle, des échasses et de la variété des déguisements.
D'un point de vue anthropologique, le terme « Pygmée » désigne les populations, souvent chasseuses et vivant dans les forêts équatoriales africaines, caractérisées par leur petite taille, estimée entre 1,20 m pour les plus petits et 1,50 m pour les plus grands. Les pygmées pratiquent traditionnellement une forme de nomadisme. Ceux-ci se déplacent entre des campements temporaires installés pour une période de chasse et de cueillette. L'unité sociale de base est le campement, il est généralement composé de 30 à 70 individus qui vivent dans une dizaine de huttes. Les individus sont généralement étroitement apparentés ou liés par des mariages. La composition des groupes change régulièrement et ils entretiennent de fortes relations entre groupe voisins. La société pygmée, basée sur le retour immédiat (par opposition au retour différé, c'est-à-dire avec un échange de monnaie comme étape), est l'une des plus égalitaires qui existe. Il n'y a pas de hiérarchie au sein des campements, même pour les activités de groupe.
La culture pygmée a connu de profonds changements au cours du dernier siècle. Comme la majorité des sociétés nomades ou à forte mobilité spatiale, les Pygmées sont confrontés, depuis l'époque coloniale, à la logique des pouvoirs étatiques de contrôle renforcé sur les populations. Leur sédentarisation est présentée comme un gage de progrès social, économique et d'intégration aux communautés nationales. Concrètement on constate malheuresement que les Pygmées sont soumis au racisme dans tous les états d'Afrique centrale, les stéréotypes associant globalement à leurs coutumes et pratiques un caractère primitif. Le terme « Pygmée » est d'ailleur extrêmement péjoratif en Afrique centrale, alors qu'il ne l'est pas du tout dans le monde occidental ou dans d'autres pays d'Afrique. La déforestation (conversion des terres, fragmentation de la forêt et surexploitation subséquente ...) a conduit à la diminution des ressources disponibles pour les Pygmées. L'accaparement des terres est un problème général en Afrique, les peuples autochtones en sont parmi les principales victimes.
Les raisons qui expliquent la différence de taille des Pygmées sont longtemps restées floues. Certains scientifiques ont émis l’hypothèse que des facteurs environnementaux en étaient la cause principale : malgré la richesse de la biodiversité dans les forêts tropicales, la nourriture reste extrêmement difficile à trouver pour les humains. Ainsi, il se pouvait que la taille puisse être expliquée par un apport nutritionnel insuffisant. D’autres scientifiques pensaient quant à eux que des variations génétiques pouvaient contribuer au phénotype pygmée. Il serait en effet plus facile pour des personnes de petite taille de protéger leurs corps d’une éventuelle surchauffe due à l’humidité tropicale. D’autres travaux ont révélé que parcourir une forêt tropicale implique de se baisser très souvent afin d’éviter des obstacles, ce qui demande beaucoup d’énergie. Plus un individu est petit, moins il doit se baisser, ce qui lui permet ainsi de brûler moins de calories en se déplaçant dans la forêt tropicale.
Depuis 2014, on sait que ce sont bien les gènes qui provoquent le phénotype pygmée, la région du génome qui code la formation osseuse et les récepteurs des hormones de croissance présente des variations très nettes chez les Pygmées par rapport aux populations voisines. Une analyse approfondie a ensuite permis d’affirmer que ces différences génétiques n’étaient pas aléatoires : les Pygmées ne sont pas petits sans raison. D’une manière ou d’une autre, ces variations aidaient les individus à mieux vivre dans ces environnements tropicaux car d’un point de vue biologique, l’humain s’adapte à son environnement.
En l’absence de données archéologiques suffisantes, les chercheurs peuvent utiliser les outils de la génétique des populations humaines afin de reconstruire l’histoire démographique. L’ADN mitochondrial (ADN-mt) et une grande partie du chromosome Y (NRY) sont transmis d’une génération à l’autre de manière uni-parentale, c’est-à-dire que l’ADN-mt est hérité exclusivement de la mère et que le NRY se transmet exclusivement de père en fils. L’analyse de la diversité génétique de ces deux molécules d’ADN a donc permis depuis plusieurs décennies aux chercheurs de différents laboratoires de reconstruire l’histoire démographique des lignées paternelles et maternelles ayant donné naissance aux populations humaines présentes aujourd’hui à la surface du globe. Les phénomènes socioculturels « liée au sexe » ont façonné et façonnent encore la diversité génétique dans les populations humaines. Par exemple, la pratique de la patrilocalité, majoritaire dans les populations humaines actuelles et passées, amène les femmes à changer de population ou de communauté lors de leur mariage, tandis que les hommes restent dans leur communauté de naissance. Cette pratique homogénéise la variabilité génétique des lignées maternelles entre communautés ou populations. Au contraire, la patrilocalité accroit l’isolement des lignées paternelles ce qui conduit à une différenciation croissante au cours du temps de la variabilité génétique du chromosome Y entre communautés et populations.
Par cette étude génétique, on a ainsi pu déterminer que les Pygmées et les Bantous (Ethnie dominante de la région centrale de l'Afrique où se trouvent les pysgmées) auraient une origine commune ancienne d'environ 65 000 ans. Ceci correspond avec la période à laquelle on assiste à la sortie d'Afrique d'Homo sapiens. A cette époque, il y a donc eu une révolution démographique (pourquoi et comment ? mystère !) qui a causé à la fois cette sortie d'Afrique et la séparation des populations restées en Afrique. Ces mêmes études montrent aussi une séparation des pygmées il y a 20 000 ans en deux groupes qui vivent dans des massifs forestiers distincts, à l'est et à l'ouest du continent noir. Les deux ont suivi une évolution convergente vers une forme de nanisme insulaire mais ils se distinguent cependant par la forme de leur courbes de croissance respectives. Pourquoi 20 000 ans ? C'est à cette époque qu'est intervenu le dernier maximum glaciaire au cours duquel une grande calotte de glace recouvrait la majeure partie de l'Europe du Nord. Ceci a eu des répercussions sur le continent africain, contribuant à une possible rétractation progressive d'une longue bande de forêt équatoriale qui s'étendait d'est en ouest, sur toute la largeur du continent noir. Cette forêt se serait alors divisée en deux poches distinctes, séparant ainsi en deux groupes ceux qui en étaient les habitants.
Plusieurs facteurs – génomiques, démographiques ou évolutifs – sont à la base du façonnement de la diversité génétique :
- les mutations génétiques, c’est-à-dire des modifications spontannées de la séquence d’ADN d’un gène ;
- la sélection naturelle, un processus découvert par Darwin selon lequel l’élimination naturelle des individus les moins aptes dans un environnement donné permet à une population de s’adapter, de génération en génération ;
- la dérive génétique, l’évolution d’une population ou d’une espèce causée par des phénomènes aléatoires, impossibles à prévoir. Notez que les effets de la dérive sont très importants dans les petites populations ;
- la migration génétique, le transfert de gènes d’une population à une autre du fait de la migration des individus.
Si l'on connait tous le Communisme comme étant le grand courant de pensée révolutionnaire de la fin du 19ème et du début du 20ème, on oublie souvent qu'il y en avait un autre, tout aussi puissant au début, l'Anarchisme. Nous allons voir comment ce mouvement a non seulement été rétrogradé au second rang mais surtout comment il a été totalement altéré par les deux systèmes dominants post 1945.
Mais commençons par préciser ce que l'Anarchisme n'est pas ! L'anarchisme ou idéologie libertaire regroupe un ensemble de théories et de pratiques anti-autoritaires basées sur la démocratie directe et ayant la liberté individuelle comme valeur fondamentale. Contrairement à la croyance populaire, l'anarchisme, à la différence de l'anomie, ne prône cependant pas l'absence de loi ! Bien au contraire l'Anarchie postule que des règles sont nécessaires MAIS qu'elles doivent émaner directement du peuple (initiative populaire par exemple), qu'elles doivent être directement votée par lui (référendum ou vote par des assemblées tirées au sort) et que leur application doit être sous contrôle de ce dernier (mandat impératif, forces de sécurité dont les officiers sont élus, révocabilité des élus). Bref c’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par ignorance, soit par mauvaise foi. Du coup on compend déjà que ça n'est pas le régime rêvé des élites politiciennes professionnelles de nos régimes "démocratiques".
En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit quatre grands courants qui cohabitent tout au long de l'histoire du mouvement : l'anarchisme individualiste qui insiste sur l'autonomie individuelle contre toute autorité ; le socialisme libertaire qui propose une gestion collective égalitaire de la société ; le communisme libertaire qui en accord avec l'aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis Blanc veut économiquement partir du besoin des individus pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre et enfin l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d'organisation de la société.
Le communisme libertaire est popularisé par le russe Mikhaïl Bakounine qui joue un rôle déterminant dans la Première Internationale (dont il sera évincé par les partisans de Karl Marx en 1872). Il faut savoir que la question de la propriété privée a toujours divisé les anarchistes. Un de leur plus célèbres théoriciens, Pierre-Joseph Proudhon, expose dans 'Qu'est-ce que la propriété ?' (1840) les méfaits de la propriété dans une société. Ce livre contient la citation célèbre « La propriété, c'est le vol ! ». Plus tard, dans Théorie de la propriété, Proudhon se ravise et paraphrasant sa célèbre formule, il déclare : « La propriété, c'est la liberté ! ». Proudhon défend une tendance mutualiste et respectueuse de la petite propriété privée mais n'accorde aucun droit de propriété touchant l'accumulation de biens non utilisés. Bakounine défend de son côté un concept plus radical, sans propriété privée du tout. La répartition des biens serait, après expropriation des richesses et mise en commun des moyens de production, assurée par un usage rationnel dans un contexte d'abondance, et par du rationnement pour les biens plus rares.
L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité, sous quelque forme que ce soit, l'État étant leur principal opposant : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire). Les anarchistes se distinguent donc de la vision marxiste d'une société future en rejetant l'idée d'une dictature du prolétariat qui serait exercée après la révolution par un pouvoir temporaire : à leurs yeux, un tel système ne pourrait déboucher que sur la tyrannie. Ils sont partisans d'un passage direct, ou du moins aussi rapide que possible, à une société sans État, celle-ci se réaliserait par le biais de ce que Bakounine appelait l'« organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes ».
On peut dès lors comprendre que Bolchéviques comme Capitalistes avaient tout avantage a discréditer totalement un mouvement qui pouvait, correctement exposé, s'attirer la sympathie du plus grand nombre. Dès lors on assistera une mise en avant des actes terroristes de certains anarchistes (le mouvement comprend là aussi 3 philosophies différentes : un courant insurectionel qui veux détruire le système par la violence pour reconstruire ensuite, un courant syndicaliste faisant de la classe prolétaire le principal artisan du changement (Espagne 1936) et un courant "éducationniste" visant à expérimenter des essais de vie communautaire censés donner envie à de plus en plus de gens de vivre pareillement. Il fut facile pour qui controlait les médias de mettre en avant les attentats à l'explosifs et les actes violents du premier groupe pour donner durablement au grand public l'impression que l'Anarchisme était un mouvement ultra violent qui ne pouvait déboucher que sur le chaos et la loi du plus fort.
Il y a un autre concept échappant totalement au grand public, l'Anarchisme dit "de droite". Alors déjà soyons clair l'Anarchisme n'étant pas un mouvement de démocratie représentative, il ne saurait fondamentalement être de droite ou de gauche, ces deux concepts, on l'a vu dans un autre article, distinguant les membres des assemblées parlementaires représentatives entre traditionalistes et réformateurs. Mais par soucis de simplification, il est habituellement classé à la gauche voire l'extrême gauche du spectre politique comme le fascisme est classé à l'extreme droite.
Qu'appelle t'on Anarchisme de Droite ? L’anarchisme de droite est une sensibilité philosophique et politique caractérisée par un refus d'adhérer à une société ou un système s'appuyant sur la démocratie parlementaire, les idées reçues en matière d'ordre social, et plus généralement toute forme d'autorité se réclamant d'eux. Ce mode de pensée conserve cependant des idéaux et des valeurs considérées comme politiquement, moralement et idéologiquement à droite (Dans le cas contraire, c'est le terme anarchisme qui est utilisé).
La base de l'Anarchisme "de droite", c'est le constat que les démocraties parlementaires fondent leur autorité sur l'expression d'une majorité qui s'avère médiocre et très influençable. Elles vont promouvoir des intellectuels soumis à l'idéologie dominante des démocraties représentatives qui vont renforcer dans la population le conformisme intellectuel qui est inhérent à ce type de régime politique car il permet de maintenir la majorité des électeurs sous contrôle. C'est là que réside, selon les anarchistes de droite, le fondement du pouvoir politique et, par extension, de la tyrannie politique républicaine. Selon eux, les intellectuels et plus généralement les personnalités ayant accès aux médias ne font que renforcer le système en échange de récompenses données par les classes dominantes. Et bien entendu, à l'inverse, toute personnalité critique envers le système sera rendue invisible si elle présente un certain niveau de danger mais au contraire mise sous le feu des projecteurs si il s'agit d'un illuminé ou d'un idiot qui sera alors utile au système pour donner l'impression que chacun peut s'exprimer librement mais que certaines idées sont "mauvaises").
La critique des anarchistes de droite ne s'arrête pas à cet aspect politique et idéologique. Elle s'attaque également à une autre source du pouvoir démocratique : le conformisme des foules. Ce « pouvoir du peuple », cette « ferveur de la foule », ils la rejettent comme manipulation. En clair quand un Monsieur Tout le monde a autant de poids décisionnaire qu'une personne de grande qualité, vu qu'il y a beaucoup plus de Monsieur tout le monde que de gens d'exception, ces derniers n'ont plus aucun poids dans les décisions. Controlant les médias, les vrais dirigeants de ce types de système vont donc influencer la masse pour la faire agir comme ils le souhaitent. Ainsi en est-il de Louis-Ferdinand Céline qui raconte dans Voyage au bout de la nuit comment, n'ayant aucune envie de partir au front durant la guerre de 14-18, il se heurte aux remontrances et aux sarcasmes de ses contemporains qui lui reprochent son manque de ferveur et de patriotisme.
S'il est vrai que ce qui nourrit la pensée anarcho-droitiste, c'est l'individu révolté se dressant contre une société oppressive et aliénante, l'anarchiste de droite milite également pour le renouveau des principes aristocratiques. Contrairement à l'anarchiste individualiste, il ne lutte pas contre l'aliénation de la morale et de la religion. Au contraire, il défend et applique des valeurs morales dans lesquelles il croit fermement (la justice, l'honneur, la camaraderie, le devoir, etc.) envers et contre une société qui les nie ou les pervertit. De même le rejet de l'argent n'est pas spécialement une préoccupation des anarchistes de droite là ou les anarchistes individualistes le considèrent comme un des supports majeurs de l'aliénation de l'individu par le pouvoir et de domination des uns sur les autres. Ces divers points associés à une admiration non cachée pour l'aristocratie ancienne, ses faits d'armes et son panache rapprochent l'Anarchiste de Droite du Fasciste mais son profond respect pour l'invividualité l'en éloigne d'où cette étrange notion d'Anarcho-fascisme qui est assez représentative de ce concept idéologique. Le silence pesant et le rejet moderne de l'existance même de ce courant de pensée et de cette posture intellectuelle doit beaucoup au fait qu'une partie de ces auteurs — c'est le cas de Céline, Drumont ou Rebatet — ont tenu des propos antisémites très virulents, ce qui est au demeurant fort logique quand on théorise que le vrai pouvoir derrière la "démocratie parlementaire" est dans les mains de ceux qui controlent l'Argent et les médias, deux armes essentielles pour faire et défaire les politiciens modernes. Mais à bien y réfléchir, n'est ce pas une bonne indication de la validité de ces idées que de voir que le système met autant d'énergie à les comabttre ?
La Russie est extrèmement liée au communisme dans l'imagerie populaire. Mais pourtant le communisme n'a pas de racine russe et il existe en fait différent communismes. Petit tour historique du propriétaire (Oui oui j'ai choisi ce mot par pure provocation ! ).
A la base il y a le marxisme, issu des thèses de deux prussiens, Karl Marx et Friedrich Engels, qui prônent une alternative au capitalisme au moyen d’une société égalitaire sans classes sociales. En 1867, Marx publie, après plus de vingt ans d'D travail harassant, la première partie de son ouvrage Le Capital. Le livre sort dans l'indifférence, les mille exemplaires publiés mettront quatre ans à être écoulés ! Il continue son travail pour achever les deux tomes suivants mais, malade et manquant de temps, il ne laissera que des brouillons inachevés, qui sont ensuite mis en forme, achevés et publiés par Engels après la mort de Marx.
Marx définit un processus historique pour arriver à un régime d’égalité parfaite, qu’il appelle le socialisme. (1) À la base il y a le féodalisme de la noblesse foncière. (2) Des révoltes comme les Révolutions anglaises de 1689 ou française de 1789 donnent le pouvoir à la bourgeoisie, laquelle a fini par obtenir plus d'argent que la noblesse mais n'a pas le droit aux honneurs. (3) Pour continuer à s'enrichir, la bourgeoisie assure le développement économique du pays avec le capitalisme industriel, ce qui crée une importante classe ouvrière (les paysans ne sont pas considérés comme tels, mais souvent comme des « petits-bourgeois » puisqu’ils possèdent leurs terres). (4) Une fois suffisament nombreux, les ouvriers font la révolution prolétarienne et s’emparent de leurs outils de travail ; ils créent de fait un État prolétarien. Cette révolution pour fonctionner doit être mondiale, c’est la révolution socialiste internationale. (5) La dictature du prolétariat supprime l’État et assure la bonne évolution des choses. (6) Quand la société sans classe ni propriété privée finit par connaître l’égalité parfaite, c'est le Socialisme et la dictature du prolétariat peut s'auto dissoudre car elle n'a plus de raison d'être.
Le 28 septembre 1864, des ouvriers de toute l'Europe se réunissent à Londres, à Saint Martin's Hall, en soutien aux Polonais, victimes en 1863 d'une féroce répression russe. Il s'ensuit la formation de l'Association internationale des travailleurs (AIT), qui sera plus tard connue sous le nom de Ière Internationale. L'Association internationale des travailleurs aligne dans ses plus belles années quelques milliers d'adhérents seulement dans toute l'Europe. Elle est très tôt minée par les rivalités entre Karl Marx, qui prône un socialisme « scientifique », et le courant anarchiste animé par Pierre Joseph Proudhon puis par Michel Bakounine. L'Association ne survit pas aux tensions nées de la guerre franco-prussienne et de la Commune de Paris, en 1871.
En juillet 1889, à l'initiative de Frierich Engels, ami de Marx, mort six ans plus tôt, les socialistes se retrouvent à Paris où ils fondent une deuxième Internationale. Cette structure qui se veux attachée à la démocratie parlementaire est à l'origine des différents partis socialistes.
Marx a vécu de 1818 à 1883 dans une Europe industrialisée et capitaliste (Royaume-Uni, Allemagne et France). Il a donc développé sa thèse marxiste d’une société sans classes dans un contexte de pays industrialisés et en opposition au capitalisme.
La Russie de la fin du XIXe siècle n’est ni développée ni industrialisée. Lénine considère donc que pour arriver à la dictature du prolétariat, il faudra déjà créer ce prolétariat et donc développer la Russie et en faire une société industrialisée. Mais Lénine pense surtout que la révolution et la lutte des classes ont besoin d’un moteur qui sera "le Parti", lequel orchestrera la révolution puis dirigera la dictature du prolétariat. Il définit ce parti dans « Que faire ? » en 1902 comme composé de révolutionnaires professionnels, à l’avant-garde de la classe ouvrière, qui portent la conscience de classe et la théorie révolutionnaire, pour et auprès des autres ouvriers qui ne la comprennent pas. Le léninisme vise donc principalement à instaurer activement une dictature du prolétariat, tandis que le marxisme repose sur une évolution "naturelle" des choses avec une prise de conscience de leur force par les ouvriers à l'image de la prise de conscience des bourgeois qui conduisit à la chute de la noblesse.
Pour Lénine, le peuple est majoritairement vu comme trop influençable et/ou ignorant pour prendre à l'époque de lui même les bonnes décisions, c'est donc au Parti de les instruire avec le temps.Se basant sur la facilité avec laquelle les bourgeois européens ont convaincus les classes populaires de se lancer dans la guerre mondiale et scandalisé que la social-démocratie européen se soit définitivement dévoyée en soutenant la guerre mondiale, il développe une pensée politique très différente du socialisme sur certains points tout en conservant le but final du marxisme.
Lénine limite la démocratie sous la forme de soviets (conseils municipaux) tout en affirmant la « liberté de discussion » tant qu’il y a « unité d’action ». Lénine défend la volonté de classe, laquelle est collective et supérieure aux volontés individuelles (ce qui revient à dire que chaque individu doit se soumettre à la collectivité). Il fonde en mars 1919 la IIIe Internationale (ou Komintern - Internationale Communiste) qui achève le rupture engagée avec les socialistes de 1889.
Stalinisme
C'est Staline qui a caractérisé l'action politique de Lénine par l'expression "Marxisme Léninisme". Il considère que le léninisme est « le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Plus exactement : le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature du prolétariat, en particulier ». Mais à partir de 1929, il considère que l’URSS s'est assez développée et il arrête la Nouvelle politique économique. Mais il se refuse de passer pour autant à l’étape suivante de la révolution mondiale. Il dit dans les années 1930 qu’il ne faut pas y renoncer, mais d’abord consolider les acquis révolutionnaires dans la seule URSS. Il instaure donc, de manière contradictoire au marxisme puis au léninisme, un État nationaliste fort et autoritaire, lequel ne serait que provisoire. Il supprime rapidement toute démocratie au sein du Parti communiste.
Cet état stalinien totalitaire se caractérise par une politique de terreur avec l’élimination systématique de ses opposants, la déportation des opposants politiques ou des réfractaires, la manipulation de l’Histoire et des sciences, un régime militariste, une propagande organisée autour de sa personne et une surveillance de masse. Staline remet aussi en cause l’égalitarisme marxiste en considérant que la société socialiste doit adopter des normes de distribution de la richesse différenciées suivant la « contribution » de chaque couche sociale à la société tant que le communisme n'aura pas triomphé mondialement.
Internationalistes convaincus, Lénine et Trotski considèrent d'emblée que la révolution russe n'a de sens que comme premier acte d'une révolution générale dans le monde entier, et qu'elle ne survivra qu'à condition de recevoir l'aide d'autres pays socialistes. Ils comptent alors particulièrement sur une révolution en Allemagne, pays au potentiel économique le plus élevé d'Europe, et où la classe ouvrière est une des mieux organisées.
À partir de 1926, la Troisième Internationale passe totalement sous la domination de Staline. Dans les années 1930, Staline élabore une nouvelle idéologie qui repose sur la théorie dite du socialisme dans un seul pays. C'est en réalité l'accompagnement de la dictature stalinienne. Après avoir été exclu du Parti communiste de l'Union soviétique par Staline, Léon Trotski espère encore quelque temps une régénération possible de la IIIe Internationale, puis déclare en 1933 que l'Internationale est irrémédiablement morte.
Trotsky fonde en 1938 la Quatrième Internationale, pour faire la Révolution mondiale et accomplir, sinon continuer ce qui n’a pas été fait en URSS. Le trotskysme prône la révolution permanente (une révolution ne s’arrête pas tant qu’elle n’a pas atteint tous ses objectifs), laquelle s’oppose à la révolution par étapes de STALINE, qui dit qu’il faut s’arrêter pour se concentrer sur son pays. En cela, c’est un courant internationaliste face au stalinisme, qui est nationaliste. Trotsky réaffirme l’importance du parti ouvrier révolutionnaire, qui doit être un lieu de démocratie et de débat ; et de la dictature du prolétariat comme base de l’auto-émancipation de la classe ouvrière et de la démocratie directe. Il conteste la bureaucratie ; une caste de techniciens de l’État ouvrier, qui dirige tout par le haut. Il est assassiné en 1940 à Mexico où il s'était réfugié.
Le rock gothique est un genre à part entière qui a ses pionniers, ses icônes, mais aussi son style vestimentaire. Influencé par les œuvres d'Antonin Artaud, d'Edgar Poe et de Mary Shelley, ce rock dit "cultivé" est né en Angleterre à toute fin des 70's alors que le Punk montrait déjà ses limites, tant musicales que politiques. La grande majorité des musiciens gothiques sont très cultivés, cinéphiles et amateurs de théâtre, ce qui explique que la scène "Goth" soit marquée par une forte théâtralité. Ils lisent beaucoup, du romantisme Anglais aux poètes "Maudits" comme Baudelaire ou Poe. Ce n'est en effet pas seulement un courant musical, mais aussi une manière d'être et d'apparaître particulière. Le mouvement dérange le grand public car ses centres d'intérets (Questions existentielles sur la Vie et la Mort, Remise en cause du modernisme à tout prix, Ésotérisme...) sont ceux que la majorité des gens mettent de côté pour vivre tranquillement sans trop se poser de question.
Le terme Gothique possède divers sens INDÉPENDANTS les uns des autres. On parle ainsi d'architecture gothique, de peuples Goths (peuple germanique - 1er au 9ème siècle) et de Rock gothiquee. Musicalement, le rock gothique se caractérise par une mise en avant de la basse (A la fin des années 70 c'est souvent la guitare qui est au premier rang). La basse abaisse de facto d'un cran la tonalité créant une musique plus "sombre". De plus pour utiliser la basse non pas en simple rythmique mais en mélodique il faut monter son volume ce qui implique de modifier le son de la guitare, le rendre plus aigue, pour qu'il soit audible. Tout ceci met en place une atmosphère particulière et souvent dérangeante pour les nouveaux venus.
Le mouvement Goth sera un des premiers à mettre en avant l'individualisme au sein du groupe. Il y a une grande liberté de penser, de s'habiller, et une grande tolérence pour ceux qui décident de faire parti du "groupe" tant que cette tolérence est partagée en retour. C'est aussi un des premiers mouvements qui va distinguer genre physique (Homme / Femme), orientation sexuelle et le genre d'apparence (Vêtements "féminins" ou "masculins", Maquillage). Chez les Goths il est courant de voir des hommes 100% hétéros maquillés et/ou portant de longues jupes.
Les principaux précurseurs du mouvement gothique sont Siouxsie Sioux, Joy Division et Bauhaus. Les précurseurs arrivent souvent du mouvement Punk qui se retrouve à l'époque dans une impasse (Leur slogan était "No Futur", difficile d'envisager l'avenir sur cette base ! ).
Joy Division est souvent associé au "Goth" mais je pense que c'est pour de mauvaise raison (le suicide de Ian Curtis). Joy Division fait parti de tous ces groupes Rock Anglais qui explorent le "Post Punk". La spécificité de Joy Division, c'est incontestablement son chanteur, Ian Curtis, qui parvient à décrire la ville de Manchester en « capturant son espace et sa claustrophobie dans un style gothique moderne » avec sa « voix mortifère de conteur sépulcral ». Joy Division est incontestablement le premier groupe connu de Rock Gothique même si ils connaitront le succès avec un autre style qu'ils vont créer début 80's, la Cold Wave.
Joy Division -1978- Shadowplay
Pour information, le nom Joy Division est la traduction littérale de l'expression allemande « Freudenabteilung ». Ce terme désignait une partie des camps de concentration organisant l'exploitation sexuelle de détenues par l'armée allemande. L’ambiguïté de ce nom vaudra au groupe une suspicion de sympathie pour le nazisme.
Le chanteur des Damned sera en 1979 le premier a aborder régulièrement un look de vampire sur scène alors que leur musique est encore bien plus Punk que Goth à l'époque.
Damned -1979- Love Song
Siouxsie Sioux sera la première personne à utiliser le terme « gothique » pour qualifier la musique de son groupe. Par la suite, ce terme sera utilisé pour désigner tous les groupes qui pratiquent ce type de musique puis enfin pour parler des personnes qui suivent ces groupes.
Siouxie and the Banshees -1979- Playground Twist
Le titre incontestable et incontesté qui marque le plus la réelle naissance du mouvement Goth, c'est clairement l'hommage à Bela Lugosi par Bauhaus. Bela Lugosi, mort en 1956, est célèbre pour son interprétation du comte Dracula qu'il jouera des centaines de fois dans la pièce de théâtre tirée du roman homonyme de Bram Stoker, rôle qu'il reprend en 1931 pour Universal Pictures dans le film de Tod Browning qui consacre sa célébrité.
Bauhause -1979- Bela Lugosi is dead
L'ouverture du légendaire Batcave à Londres (Soho) en 1982 a aidé la scène rock gothique à se transformer finalement en une véritable sous-culture. Organisées dans un club de strip-tease londonien par Ollie Wisdom, chanteur du groupe post-punk The Specimen, ces soirées hebdomadaires du Mercredi attirent dans un cadre inspiré de films d’horreur une foule d’excentriques vêtus de cuir qui vont former l’embryon d’une nouvelle culture urbaine. Il s'agit au départ d'une soirée où l'on joue toute une variété de musiques Rock et Post Punk mais la décoration très sombre va rapidement conduire le client moyen à porter du noir et à s'intéresser à l'ésoltérisme, aux vampires et tout ce qui était jugé morbide par le grand public. Un passage en forme de cercueil menait à une petite pièce décorée avec du cuir, de la dentelle et différents accessoires de film d'horreur qui « donnait l'impression d'être en même temps un cinéma, un cabaret, un théâtre, une discothèque et une salle de concert ». Ce fut un véritable phénomène de société en Angleterre. Je vous met un lien dessous vers un reportage de la BBC de 1983 (Même si vous parlez pas anglais c'est intéressant pour voir à quoi ça ressemblait). Le club à tellement de succès qu'un batcave ouvre à New York, lançant de fait le mouvement Goth outre atlantique. Le club fermera en 1985 mais il a incontestablement marqué l'histoire musicale.
Les premiers groupes évoluent et d'autres apparaissent, laissant des titres qui tournent encore aujourd'hui dans certaines soirées... La presse et les medias tentent un moment de profiter de l'occasion comme ils l'ont fait pour le Punk mais se heurtent à un phénomène nouveau. Les Goths ont leur univers fait de fanzines, de petits labels et de petits couturiers et n'ont strictement rien à faire des grandes marques. Ils organisent leurs soirées avec leurs codes. Ils ne sont ni pour ni contre la société moderne ils cherchent surtout à s'en extraire et à vivre selon leurs codes. Aussi le ton volontier amical du début tournera vite à la moquerie et à la critique acerbe. Si on ne peut pas faire du fric avec eux, à quoi servent ils ?
Lords of the New Church (un groupe que j'ai toujours adoré !!!) -1982- Open your eyes
Sex Gang Children -1983- Sabastiane
Bauhaus -1983- She's in Parties
The Cult -1985- She sells Sanctuary
L'année 1985 marque un tournant de la scène gothique au Royaume-Uni, avec la séparation de plusieurs groupes majeurs, comme Bauhaus, UK Decay, Sex Gang Children ou Southern Death Cult, et l'arrivée sur le devant de la scène de groupes plus rock (là où les fondateurs étaient plus punk) tels que The Sisters of Mercy, The Mission UK ou Fields of the Nephilim.
A partir de 1986, le mouvement va perdre en intégrité au fur et à mesure qu'il gagne en popularité (inévitable me direz vous). Des groupes comme The Cure "gèrent" le succès en incluant pas mal de "marketing" qui va conduire à une « gothisation » tous azimuts. A cette époque en effet, la presse baptise avec abus tout ce qui est noir et qui porte des dentelles de « gothique ».
Le gothic rock va alors essentiellement se développer sous la tutelle de deux types de formations britanniques . Les premières , telles The Sister of Mercy et Fields of the Nephilim mettent en avant des chanteurs à la voix de baryton exceptionnellement graves qu'appuient des rythmiques sépulcrales . Les secondes, certes sombres, présentent des aspects plus glamour et plus flamboyants, à l'image des premiers albums de The Cult ou The Mission .
Fields of the Nephilim -1987- Blue Water
The Mission -1987- Wasteland
En perte de vitesse à la fin des années 80 , le gothic rock va donner naissance à de nombreux styles musicaux. Le metal, forme radicalisée du rock où prédominent « guitares électriques et sons saturés », a pénétré l’univers gothique en empruntant des voies inédites. Sa rencontre avec l’indus, d’abord, a accouché de groupes incontournables en soirée goth, comme Nine Inch Nails, Marilyn Manson et Rammstein.
Au début des années 90 , le titre Loving the dead du groupe New yorkais Type O Negative est vraisemblablement le premier hit de metal gothique . la filiation avec l'esprit gothique est incontestable . Comme le dit Peter Steele , "notre inspiration vient de bien plus loin que de simples anecdotes de tournée , ou de brèves rencontres , elle vient des moments réellement importants de la vie : la perte d'un etre cher , une histoire d'amour qui se termine tragiquement . En fait , de tout ce qui t'affecte plus qu'une douleur passagère .". Cette disposition d'esprit est servie par une musique dépressive à base de gros riffs de guitares relativement proches du Black Sabbath des débuts , si ce n'est que des nappes d'orgue délayent une atmosphère dramatique et qu'une voix caverneuse déclame ses textes sur le ton de la tragédie . Dés la seconde moitié des années 90 , avec l'album Irreligious , le groupe portugais Moonspell s'impose comme le grand rival européen de Type O Negative , avant de le détrôner définitivement lorsque ce dernier devient longuement mutique à la fin du siècle dernier .
Les années 1990 ont enfin vu l’arrivée massive de musiques électroniques teintées d’indus (electronic body music avec Daf, Front 242, Skinny Puppy, Front Line Assembly ; electro-dark avec Suicide Commando, Wumpscut, Velvet Acid Christ), de pop (And One, Wolfsheim), d’indus, de pop et de techno tout à la fois (future-pop avec Apoptygma Berzerk, Covenant, Vnv Nation) et parfois empreintes d’une théâtralité proprement gothique.
Un autre renouveau va arriver en 1990, incarné primordialement par un seul nom : Nine Inch Nails. Derrière ce nom opère un homme seul, Trent Reznor. Il va révolutionner le rock alternatif américain, y apportant les sonorités violentes issues de la musique industrielle, et ses thèmes de désespoir violent, de haine de soi et d’autodestruction (non sans respecter le format de la chanson pop traditionnelle). Personnage furieux et ténébreux, bardé de cuir, Reznor se démène sur scène avec une grande théâtralité. Le DeathRock US en sera la suite logique.
L'Allemagne qui, jusqu'ici, n'avait produit que peu de groupes d'importance (hormis entre autre X-Mal Deutschland et Malaria!), voit surgir une vague de nouveaux artistes (et leur public) qui sera cataloguée sous le vocable « dark wave », sans toutefois que celui-ci ne revête une identité artistique particulière. En effet, dans ce mouvement, certains demeurent (tout d'abord) dans la droite ligne du rock gothique le plus orthodoxe comme Love Like Blood ou Garden of Delight alors que d'autres teintent leurs racines gothiques d'électro et de musique industrielle (Project Pitchfork, Deine Lakaien, Girls Under Glass). Le groupe emblématique de ce véritable revival de la scène gothique : Das Ich, projet électronique puisant son inspiration dans la culture allemande, utilisant entre autres des références bibliques (Kain und Abel, Jericho) ou philosophiques (Die Propheten, Gottes Tod).
Le look des premiers temps, baptisé post-punk puis batcave, n’était cependant qu’un dérivé de l’attitude vestimentaire et capillaire punk, privilégiant le cuir et la résille, les coiffures rebelles et les pointes métalliques. Le cinéma, la littérature et surtout les leaders de certains groupes, comme Dave Vanian des Damned, ont ensuite conduit à un style dit « romantique ». Capes, redingotes, chemises à jabot et cannes à pommeau pour les garçons, robes et corsets victoriens pour les filles, se sont alors imposés. Le look « vampire », qui en dérive, continue d’avoir ses amateurs, du fait des productions cinématographiques et littéraires qui l’ont constamment remis au goût du jour.
Dans les années 1990, le déferlement de musiques électroniques a favorisé la diffusion des styles fetish et cyberpunk. Le premier, qui s’inspire de l’imagerie sado-masochiste, avait déjà été utilisé par les punks en forme de provocation contre les mœurs bourgeoises. Arborant de préférence des tenues androgynes en vinyle, en latex ou en cuir, les adeptes de cette tendance usent volontiers de modifications corporelles comme le tatouage, le piercing, la scarification, voire le branding (marquage au fer rouge) et les implants sous-cutanés. Le second, influencé par les romans de William Gibson et Bruce Sterling, fait une place bien plus large aux couleurs et encourage toutes les formes d’extravagance futuriste.
En gagnant le milieu gothique, d’autres scènes musicales y ont introduit leurs styles vestimentaires spécifiques : médiéval pour l’heavenly-voices, viril voire militariste pour l’indus et le dark-folk. Dernier arrivé, le style gothic-lolita est un « savant mélange de costumes victoriens, de vêtements de poupées et de mode gothique », à la fois enfantin et sexy. Surtout prisé des jeunes filles, il est lié au visual kei ou visual rock, un genre musical né au début des années 1980 au Japon, dont les acteurs ont la particularité d’user de maquillages et de travestissements outranciers.
Les années folles sont étroitement liées au jazz qui était LA musique du moment. Mais disons-le d’emblée, le jazz ne se décrit pas de la même manière que la musique baroque ou que le Rock n' Roll. Il n’en existe à ce jour aucune définition 'officielle', ou du moins unique. Le jazz, c'est un genre qui en regroupe cent autres. De cette première remarque découle une première constatation : Souvent celui qui "n'aime pas le jazz" a entendu quelques morceaux à partir desquels il a généralisé, ce qui est une erreur classique (que j'ai faite pendant longtemps). Ainsi, lorsqu'on demande à Alex Dutilh, producteur de l’émission Open Jazz sur France Musique, comment il définirait cette musique qui nourrit son émission depuis plus de vingt ans, celui-ci nous répond :
« Le jazz est un vampire métis qui, depuis sa naissance, suce le sang des autres musiques pour se régénérer. La plupart du temps par amour. Il sort plutôt la nuit et son sens aigu de l'improvisation lui permet de déjouer les tentatives d'enfermement ou les risques de sclérose dont il est régulièrement menacé. Lorsqu'il est en forme (en solo, en petit comité ou en bande organisée), on reconnaît sa silhouette à un balancement chaloupé que les golfeurs appellent swing et les geeks, groove. Tous les dix ans on annonce sa mort et tous les dix ans il s'invente une nouvelle jeunesse. Le jazz a les rides de ses héros disparus et affiche le sourire juvénile de ceux qui regardent le futur droit dans les yeux. »
C'est vraiment une excellente définition qui pointe les caractéristiques premières du jazz à savoir :
- Vampire métis : On résume parfois le jazz à la rencontre entre les musiques africaines, importées aux Etats-Unis par les esclaves, et le répertoire classique européen. Une fusion des chants et rythmes des peuples noirs avec les modes harmoniques des blancs. Si on retrouve bien dans le jazz, et en particulier dans celui des années 1920, la trace des négro spirituals, du ragtime et du blues, on en perçoit pas moins d’autres influences musicales, intraçables et variées.
Régénération : Ce métissage des origines, les musiciens jazz n’ont eu de cesse de le cultiver, multipliant ou développant leurs instruments, grossissant ou réduisant leurs formations, et mélangeant les styles de musiques pour survivre, s’adapter ou, au contraire, refuser la réappropriation industrielle de leur art.
Musique nocturne : Autre un point essentiel pour qui s’intéresse à l'histoire du jazz, il n’est pas née dans les beaux salons. Au contraire, il a été bercé dans les saloons de la Nouvelle-Orléans, ville portuaire connue pour ses maisons closes et ses bandits, où la musique devait répondre aux ardeurs de ceux qui s’abandonnent à la débauche. Même lorsqu’il conquiert les cabarets de Chicago ou New York, le jazz reste associé aux lieux nocturnes et aux personnalités peu recommandables. Il faut attendre le succès populaire de ses premiers grands artistes, comme Louis Armstrong, Duke Ellington ou Cab Calloway, ainsi que les disques et la diffusion radiophonique, pour que le jazz perde un peu de son côté obscur...
Improvisation : Bien que plutôt récent, le jazz est souvent comparé aux musiques anciennes et baroques. Et à juste titre… car les musiciens des siècles passés, et notamment de toute la période précédant l’invention de l’impression, ne connaissent pas de partitions. Ils interprètent de mémoire, et l’improvisation dicte alors la performance. On écoute et on s’adapte aux autres, on joue ensemble, sans support papier. Si l'on remarque ainsi le jeune trompettiste Louis Armstrong, dans les années 1920, c'est entre autres parce qu'il réinterprète avec génie les standards américains, que l’on pensait entendus, ré-entendus, épuisés.
Le Swing : On dit que le jazz swingue car il donne une sensation de balancement. Son beat n’est pas simplement un rythme, des mesures, c’est une manière de donner vie à la musique. Et chacun son swing ! « Mais, voyons… le swing c’est… enfin on le sent, en quelque sorte… » répond ainsi Ella Fitzgerald à un journaliste. « C’est quelque chose qu’il faut sentir ; une sensation que l’on peut transmettre aux autres », disait Glenn Miller, quand pour Ozzie Nelson, le swing est « une fermeté compacte dans l’attaque, combinant la partie rythmique aux autres instruments, pour provoquer chez ceux qui l’écoutent l’envie de danser ».
Si l’on souhaitait vraiment en dessiner les grandes lignes, on pourrait dire que le jazz est né au début du 20ème siècle, aux États-Unis, et plus précisément à la Nouvelle-Orléans. Le premier enregistrement considéré comme de la musique jazz date de février 1917. Il s’agit d’un 78 tours de l’Original Dixieland Jazz Band (Un groupe blanc ceci dit alors que c'est pourtant une musique de musiciens noirs mais la ségrégation n'est pas qu'un mot aux USA, surtout à l'époque !).
Vers la fin du 19ème siècle, les musiciens noirs utilisèrent de plus en plus les instruments de la musique européenne. Il semble que les premiers jazzbands (orchestres du jazz), aient vu le jour dès les années 1890. Un jazz « early » [Initial], dérivé de polkas et quadrilles, se développe alors à bord des « Riverboats » (bateaux de plaisance parcourant le Mississippi) ainsi que dans les multiples « honky-tonks » [bars musicaux], tavernes, clubs et maisons closes d’une certaine ville de Louisiane qui va devenir le foyer de prédilection du jazz : la Nouvelle-Orléans. En anglais : New Orleans.
En 1917 les Etats-Unis se voient contraints d’intervenir militairement en Europe. Un effort de guerre est alors demandé à la Marine américaine, entraînant la fermeture du quartier des plaisirs de La Nouvelle-Orléans : Storyville. Pour cette raison, on peut considérer que 1917 signifie la fin du style jazz New Orleans en Louisiane. En effet, toute l’animation musicale des bars dépendait des jazzbands. Ceux-ci, privés de leurs lieux d’expression, se virent contraints d’émigrer vers le Nord, à Chicago et New York principalement.
Ce style de Jazz qu'on dit aujourd'hui du style "New Orleans" même si il va ensuite être majoritairement joué à Chicago ou à New York est fondé sur le jeu collectif, un jeu d’ensemble, jeu d’unisson entre les différents instruments qui est ponctué par de courtes séquences d’improvisation collective. Dans les premiers temps du jazz, les musiciens ne jouent en solo que dans les courts breaks qui parsèment les morceaux. Ce style originel connaîtra une première révolution dans les années 20 avec un certain Louis Armstrong.
Le premier article sur le jazz en langue française est dû, en 1919, à la plume du chef d’orchestre suisse Ernest Ansermet. Consacré au Southern Syncopated Orchestra, il est capital non seulement par son enthousiasme et son absence de préjugés, mais aussi parce qu’il pressent la spécificité de la blue note, qui donne sa couleur au blues et au jazz, et célèbre « un extraordinaire virtuose clarinettiste » dont la « richesse d’invention, la force d’accent, la hardiesse de la nouveauté et l’imprévu » le ravissent : il s’agit d’un inconnu appelé Sidney Bechet.
Blue Note : Dans le jazz ou le blues, la note bleue (en anglais blue note) est une note jouée ou chantée avec un léger abaissement, d'un demi-ton au maximum, et qui donne sa couleur musicale au blues, note reprise plus tard par le jazz. L'origine de la note bleue se trouve dans le système musical pentatonique africain. La confrontation des noirs américains avec le système tonal européen et ses sept degrés a engendré l'adaptation du troisième et du septième degré (absents de leur gamme) en les infléchissant d'un demi-ton soit vers le mode mineur, soit vers le mode majeur, à des fins expressives, pour illustrer la nostalgie ou la tristesse lors de la narration d'une histoire personnelle.
Certaines tendances dans ce jazz primitif vont rapidement être intégrées au music-hall, dont l’importance est cruciale à cette époque. Pour la France la date capitale est 1925 avec la revue la Revue nègre (théâtre des Champs-Élysées, 2 octobre-19 novembre 1925), qui lança Joséphine Baker et où l’on retrouve le clarinettiste Sidney Bechet, déguisé en vendeurs de fruits. Mais la Revue nègre est-elle bien du jazz ?
Il est vrai que la prestation (et la plastique) de Joséphine Baker attirèrent davantage les yeux qu’elles ne sollicitèrent les oreilles. Dès la fin des années 1920, les premiers amateurs se sont montrés assez circonspects envers la Revue Nègre, qualifiée d’« article pour exportation », trop « esthétique », trop apprêtée. Une chose est sûre cependant : cet événement musical a beaucoup fait écrire. Un véritable déluge d’articles de presse a accompagné les prestations des musiciens et des danseurs ; une foule de souvenirs publiés ultérieurement ont contribué à construire l’image d’un moment exceptionnel dans la vie musicale européenne. C’est incontestablement ce qui a lancé le Jazz en France et donc en Europe.
Le Charleston va être LA danse des années folles. Il est introduit en France en 1925, par la « Revue nègre » et sa danseuse noire américaine Joséphine Baker qui le danse aussi dans les principaux établissements de l'époque.Cette danse est en 1925 déjà très populaire dans la communauté noire américaine. Elle est originaire de la ville de Charleston en Caroline du Sud qui lui a donné son nom.
Le charleston se danse en solo, en duo ou en groupe, sur les morceaux de jazz les plus endiablés (hot jazz). Il est fondé sur des déplacements du poids du corps d'une jambe à l'autre, pieds tournés vers l'intérieur et genoux légèrement fléchis.
Le black bottom est une variante de cette danse possédant la même rythmique binaire et syncopée que le charleston. Un des pas favoris de cette danse consiste à faire des pas sautillés en avant et en arrière (Boogie).
Louis Armstrong est le pionnier qui va poser les fondations de cette musique noire américaine qu'on va par la suite appeler Jazz partout dans le monde alors qu'elle aurait pu demeurer un folklore limité au sud des États-Unis. Le style d'Armstrong s’affirme très tôt : une attaque franche à la trompette, une articulation parfaite (chaque note est parfaitement détachée, comme ciselée), un son puissant au grain volumineux, très clair, ouvert, avec beaucoup de « feeling », un vibrato ample. L’esprit libre du pionnier de ce petit-fils d’esclave, c’est le dépassement des conventions. En s’imposant comme soliste, Armstrong fait éclater le concept d’orchestre Nouvelle-Orléans. En d’autres termes, par le fait de sa forte personnalité, il rompt l’équilibre organique d’une musique polyphonique en ouvrant la voie à une nouvelle musique, plus individualiste celle-là, où un musicien d'exception "porte" son groupe.
Si Armstrong, c'est la trompette, Coleman Hawkins « invente » rapidement le saxophone ténor. Il n’est pas le premier musicien de jazz à utiliser cet instrument, mais il en transforme la physionomie en profondeur et en fait le rival de la trompette qui était jusque là l’instrument-roi du jazz. Un peu plus tard c'est Art Tatum qui propulsera à son tour le piano comme instrument phare. Il est donc déjà très clair que le Jazz n'est pas lié à un instrument précis qui serait systématiquement mis en avant !
Le jazz se développe rapidement en France, principalement à Paris, à partir de 1925. La ville qui ne connaît aucune ségrégation comparable aux USA était un havre pour de nombreux musiciens noirs, un endroit où ils étaient reconnus comme de véritables artistes (Joséphine Baker, une fois couverte de gloire, ne pouvait toujours pas dîner dans certains restaurants ou fréquenter certains grands hôtels aux USA à cause de sa couleur de peau !). Les artistes américains émigrés en France vont donc se nourrir d’une forme de liberté retrouvée, tout comme la musique française va recevoir une forte influence de ce jazz américain. On note aussi à l’époque l’émergence du jazz manouche en France avec Django Reinhardt et Stépahne Grappelli qui mêlent musique traditionnelle des gens du voyage au jazz.
Paris devient à la fin des années 20 la ville de toutes les avant-gardes, et c’est dans les brasseries du quartier de Montparnasse, bon marché et riche de nombreux cafés, que se retrouvent ceux qui en sont à l’origine. André Breton, Man Ray, Brancusi, Modigliani, Picasso ou encore Gertrude Stein. La plupart de ces établissements comme le Dôme, la Coupole, le Select, la Rotonde ou encore la Closerie des Lilas subsistent encore aujourd’hui.
Je constate souvent que les gens mélangent Art Nouveau et Art Déco, ça ne sera plus votre cas après lecture de ce petit article. Pour vous rappeler des bases, vous pouvez mémoriser que ces deux périodes sont chacune encadrée par une grande guerre européenne, donc l'une existe entre la guerre de 1870 et celle de 14-18 et l'autre entre 14-18 et 39-45. Quand a savoir l'ordre, encore plus simple, souvenez vous que la nouveauté arrive en premier ! Pour un peu plus de précision temporelle, l'Art Nouveau apparait en fait 20 ans après la guerre de 1870, vers 1890, ce qui nous donne : Art nouveau 1890-1914 et Art Déco 1918-1939.
L'Art nouveau s'appuie sur l'esthétique des lignes courbes. L'apparition d'un Art nouveau s'explique notamment par le rejet de la prédominance des formes inspirées du passé (Le neoclassique et son imitation du greco-romain). L'Art nouveau se caractérise par la présence de rythmes, beaucoup de couleurs souvent chaudes, des représentations de la femme, une ornementations inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux. L'Art Nouveau s'introduit dans le décor du quotidien (Lampe Tiffany, Affiches, Bijoux, Entrées de métro 'Guimard' à Paris...).
En France, l'Art nouveau était appelé avec humour « style nouille » par ses détracteurs comme par l'homme de la rue, en raison de ses formes caractéristiques en arabesques.
Le style Art déco est ainsi nommé à partir des années 1960 et tire son nom de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925. Avant les années 60 on disait "Arts appliqués" ou "Style 1925". Le style Art déco prend son essor contre les volutes et formes organiques de l'Art nouveau. Il consiste en un retour à la rigueur classique : De la symétrie, des formes géométriques anguleuses, moins d'acier visible et plus de pierre de taille (sans aucun effet pittoresque, on cherche l'effet de masse). Le décor, encore très présent, est sévèrement encadré et son dessin s'inspire de la géométrisation cubiste. Pour les publications, les couleurs semblent posées par larges zones d'aplat. Ordre, couleur et géométrie : l'essentiel du vocabulaire Art déco est posé.
Certains parlent d'un art typique des dictatures des années 30 (fasciste, nazi et soviétique), l'Art Totalitaire. Comme l'écrit fort justement Albert Speer : "On a plus tard affirmé que ce style était la marque de l'architecture d'État des régimes totalitaires. Cela est totalement inexact. C'est plutôt la marque d'une époque, reconnaissable à Washington, à Londres ou Paris, tout comme à Rome, Moscou ou dans nos projets de Berlin ». Ce style "neoclassique des années 1930" qui se caractérise par l'essor de l'utilisation massive du béton armé confirme simplement l'affirmation dans le domaine architectural des États, qu'ils soient autoritaires ou démocratiques, et de leur intervention croissante dans l'économie, provoquée par la Première Guerre mondiale et par les crises financières, avec le concept de planification économique et territoriale. Il est donc l'expression d'un État interventionniste, qu'il soit État-providence démocratique ou État-omnipotent totalitaire. C'est donc de mon point du vue plus une facette de l'Art déco qu'un style à part entière. On y arrive quand on pousse le concept à son maximum, non plus en tant que propriétaire/architecte réalisant un immeuble mais en tant que planificateur réalisant une avenue ou un quartier. Ca n'est donc pas tant une différence de style qu'une différence d'échelle du projet !
Le Carnaval de Rio se célèbre sur cinq jours, du vendredi précédent au Mardi Gras (Le Mardi Gras est défini par rapport au Lundi de Pâques, précisément 47 jours avant ; c'est donc une date qui varie selon les années puisque la date de Pâques est elle même variable, déterminée par la position de la Lune, et tombe souvent entre le 22 mars et le 25 avril. Elle est fixée précisément par une formule qui fut conçue au cours du Concile de Nicée en l'an 325). Cette manifestation à part sur la planète est le plus grand rassemblement allégorique au monde.
Il tire ses premières origines en 1723 des colonies portugaises soucieuses de faire perdurer l'entrudo (fête du Carnaval) qui avait lieu au Portugal. Le premier bal du carnaval de Rio se déroule en 1840, sous l'influence de Paris et de ses bal masqués. A cette époque les danses en vogue étaient la valse et la polka. Ce n'est qu'en 1917 que le samba sera introduit dans le carnaval. La Samba qui est originaire de l’Afrique de l’Ouest et de l’Angola en particulier fut introduite au Brésil par les esclaves qui trouvaient dans cette musique un réconfort durant les périodes d’adversité. Avec la naissance du samba, le Brésil en quête d'identité voit naitre sous l'influence de la culture des descendants d'esclaves et de cette musique, un intérêt naissant dans l'intelligentsia des nouveaux "groupes de samba". Ils finissent par descendre de leurs collines pour occuper l'asphalte et s'éloigner de leurs ghettos pour donner naissance aux Écoles de Samba. Relégué au titre d'élément secondaire du carnaval pendant des années, leur influence explose dans les années cinquante, avec l'apparition des classes moyennes au sein des défilés.
C'est à partir de ce moment que les écoles commencent à se multiplier et que s'organisent les premiers concours pour élire les meilleures d'entre elles. Les défilés des écoles de samba auront lieu pendant des années dans des rues aménagées spécialement pour l'occasion qui seront principalement l'avenue Présidente Vargas et la Praca onze. C'est en 1984 qu'ils s'installeront définitivement dans un endroit spécialement dédié : le Sambodromo. On parle souvent d'écoles de Samba mais il ne s'agit pas à proprement parler d'écoles, plutôt des regroupements de personnes d'une communauté d'un même quartier ou d'une même favela par exemple.
Le carnaval de Rio est un concours, une véritable compétition avec ses groupes de différents niveaux, ses juges et ses écoles championnes. Entrer dans le Sambodrome est un privilège réservé aux meilleures écoles, les autres défilent dans les rues de la ville. Traditionellement les quatorze écoles du Groupe d’accès (la deuxième division) ouvrent les défilés vendredi et samedi. Le Groupe spécial, qui réunit les treize meilleures écoles, défile dimanche et lundi. À l’issue des défilés, les deux meilleures écoles de chaque groupe montent dans le groupe supérieur, tandis que les deux dernières descendent (un peu comme au football). La première école du groupe spécial est déclarée championne du Carnaval ! La notation se fait par 36 jurés sur 10 critères comme l'harmonie du groupe, l'évolution en cadence, la musique, les percussions, les costumes ou les chars entre autres choses.
Pour les novices, il est peut-être un peu compliqué de déchiffrer les règles qui régissent les défilés du Sambodrome. Déjà l'échelle peut surprendre car quand UNE "école" défile, on parle en fait de 3000 à 4500 personnes costumées défilant sur une avnenue longue d'environ un kilomètre ! Les défilés ont lieu de nuit entre 21 heures et 6 heures du matin.
Ce sont des communautés entières qui travaillent pendant des mois dans les coulisses à l´élaboration des magnifiques costumes, la construction des chars allégoriques mais aussi à la création des chorégraphies et de la musique. Les écoles de samba ont chacune 85 minutes pour produire une performance grandiose et somptueuse qui est le résultat d’une année d’efforts.
Chaque défilé commence par la performance de la Comissão de Frente. Généralement il s´agit d´un groupe composé de 10 à 15 danseurs chargés d´ouvrir et de présenter le défilé aux spectateurs et aux jurés. Ce show d´introduction est jalousement gardé secret jusqu´au jour J, c´est l´impulsion qui ouvre la fête. Le but, susciter la surprise, éblouir et déclencher l’enthousiasme du public dans les gradins.
Le Mestre-sala et la porta-bandeira ont l´honneur et l´immense responsabilité de porter l´étendard de l’école tout au long du défilé. C´est le symbole le plus emblématique, chaque école étant reconnaissable à ses couleurs et à son drapeau (bleu et blanc pour la Portela). Les enchaînements de passes chorégraphiques ont pour seul but la mise en avant et la présentation du fameux blason au public et aux juges. À l’origine, le Mestre-Sala avait pour fonction de protéger la Porta-Bandeira, car au 19e siècles la coutume voulait que les Blocos rivaux se dérobent les drapeaux les uns les autres.
Au milieu de l’école se trouve la Bateria, un groupe de 250 à 300 percussionnistes. Sans la bateria, pas de samba et pas de Carnaval, c´est le cœur battant du défilé. Les musiciens défilent à côté de la voiture de son, au rythme du Samba-enredo. Un des facteurs cruciaux lors du passage est la coordination du groupe. Un chef de batterie contrôle la cadence afin que les musiciens avancent sans laisser de « trous » dans le cortège. Ils seront jugés autant pour leurs performances artistiques et rythmiques que pour leurs capacités à garder les rangs.
L'image très Sexy du Carnaval vient des Passistas. Les Passistas sont choisies dans les communautés, et adulées comme des stars au sein de leurs écoles. Elles se doivent d’être sexy et très, très à l’aise pour « samber » sur des talons de 12 cm en moyenne. Parées de plumes et de strass aux couleurs chatoyantes, elles sont les joyaux des défilés et le point de mire de tous les regards.
Un des moments les plus attendus et les plus aimé des brésiliens, c'est la section des Baianas. Elle est exclusivement réservée aux femmes (contrairement aux Passistas ;-) ), considérées comme « mères de la samba » représentant l´âme de l’école. Référence aux « mères des saints » des religions Candomblé et Umbanda, les Baianas, comme les prêtresses de ces religions afro-brésiliennes sont traditionnellement vêtues de blanc. Elles doivent être 70 au minimum, facilement reconnaissable à leurs grandes robes à panier qu’elles font tourner durant toute la procession, hommage au costume traditionnel de l´état de Bahia.
Souvent en cloture de défilé on trouve la Velha Guarda. Il s’agit des seniors de la communauté, et bien souvent des fondateurs des écoles. La Velha guarda revêt une importance fondamentale pour les écoles et pour la préservation de la culture de la samba. Ses membres ont pour mission de transmettre l’histoire et les traditions à la nouvelle génération. Comme son nom l’indique, littéralement « la vieille garde », ils sont considérés comme les « gardiens » de l’identité de chaque école de samba. Ils entrent presque toujours en dernier dans l´avenue comme pour fermer la procession avec panache et fierté, vêtus de leurs plus beaux costumes de gala.
Chaque défilé se fait sur un thème choisi par l'école, l'enredo. Il sera le fil rouge du défilé. L´histoire que l´école conte aux spectateurs et tout comme dans les fables, il y a un début, un milieu et une fin. Les thèmes choisit sont libres et peuvent être très variés, exaltants des personnages historiques, des lieux, le cinéma, la littérature etc. Il n´est pas rare de voir ici et lá un message social ou une critique politique. La créativité est bien évidement l’un des critères retenus par les juges dans le barème de notation.
Pendant qu'au Sambadrome les écoles sont en compétition pour le titre de Champion, le reste de la ville de Rio fait la fête avec intensité. C’est dans la rue que le carnaval est né. Il y est revenu en force avec les «blocos» devant un Sambodromo jugé de plus en plus cher et trop "politiquement correct" par de plus en plus de gens. Gratuits, débridés, déguisés, souvent alcoolisés, les «blocos» sont l’esprit retrouvé du carnaval, exprimant la liberté, l’humour et l’impertinence. Il existe même des «blocos» pour enfants.
Pour faire la fête avec les habitants de Rio de Janeiro, il vous suffit donc de sortir dans les rues : il y a des fêtes et des parades absolument partout. Que vous ayez ou non un costume, vous pourrez librement vous joindre aux danseurs et vous amuser jusqu’au bout de la nuit… et même pendant la journée ! Pendant le Carnaval, Rio vibre et danse 24 heures sur 24, la fête ne s’arrête jamais.
Les fêtes de rue sont librement accessibles et vous pouvez trouver des fêtes typées dans tous les domaines (Travestis, Esotérisme, Techno...). Aux abords de la plage d'Ipanema, dans la rue de Farme de Amoedo, se tient traditionellement un grand défilé très prisé des drag queens et autres Barbies boys pour une nuit non-stop de réjouissances. L'autre grand évènement à ne pas louper pour qui aime les travestis est le Bal costumé Gay au Night Club la Scala, ouvert à tous, qui a déménagé de Leblon à sa nouvelle adresse dans le centre-ville de Rio à la Rua 13 de Maio. Le Bal Costumé Gay fait partie d'une série de bals carnavalesques qui sont télévisés nationalement. Les drag queens, travestis, gays, célébrités, et les personnalités les plus exotiques dans des costumes élégants et parfois étranges se réunissent en ce mardi de carnaval. Le public à l'extérieur du Night Club s'accumule pour voir les personnalités fouler le tapis rouge de la Scala. Les billets d'entrée pour le bal se vendent vite. Vous devez donc réserver très tôt si vous souhaitez vivre cette soirée carnavalesque de l'intérieur. Notez aussi la B.I.T.C.H Party qui est célèbre pour ses Barbies boys et qui se tient le dimanche du Carnaval dans un parc à Barra ou à la gare de chemin de fer abandonnée dans le centre de Rio.
Rio n'est pas le coupe-gorge que certains, qui n'y ont jamais mis les pieds ou qui y on fait n'importe quoi, veulent bien décrire. Mais c'est une énorme ville avec beaucoup de pauvreté et si vous faite un truc idiot, il se passer la même chose que si vous faites ce truc idiot à Londres ou à Paris... Le Carnaval amenant en ville 2 millions de touristes, c'est bien sur un moment fort pout tous les petits arnaqueurs, mais pas plus qu'un évènement mondial dans n'importe quelle autre capitale ! Quelques règles basiques permettent d'éviter 99% des ennuis !
Comme dans toute ville que vous ne connaissez pas très bien, ne portez pas de bijoux, de montres ou d’accessoires de luxe. Et surveillez vos téléphones, en particulier dans les «blocos». C'est la règle N°1, ne rien porter qui indique que vous avez de l'argent ! Avant de sortir de l’hôtel, veillez à n’emporter sur vous que le strict nécessaire. Un peu d’argent seulement et des photocopies du passeport. La meilleure manière de se fondre dans la masse c’est de s’habiller simplement comme les autochtones. Méfiez vous des boissons "offertes", ne jamais boire une canette ou une bouteille qu'on a pas ouvert soi même ! Les favelas ne sont pas Disneyland, n'y allez pas sans une personne de confiance y habitant (donc pas un gars "sympa" que vous venez de rencontrer bien sur !). De nuit n'allez pas dans les endroits déserts, tant que vous restez sur les lieux de fête, il n'y a pas de problème mais attention quand vous vous éloignez (Le taxi c'est pratique et pas cher). De jour comme de nuit, mieux vaut éviter les petites ruelles sombres et étroites. Certes, elles peuvent être sûres, mais ne pas se risquer pour en avoir le cœur net est, selon moi, un conseil judicieux (N'opposer aucune résistance si vous êtes victime d'un vol à main armée, vous n'êtes pas idiot donc vous n'avez rien de valeur sur vous !). Tous les jeux de hasard dans la rue sont des arnaques !
Mon avis personnel : l’insécurité existe mais il faut juste faire preuve de bon sens, sans voir le danger à tous les coins de rue.